Quand le passé percute le présent pour aider à réfléchir !

A la relecture des textes de Jean Jaurès (Jean Jaurès – De l’éducation – Points coll. essais, édition établie par Catherine moulin, Madeleine Rebérioux, Gilles Candar, Guy Dreux et Christian Laval)) on ne peut qu’être saisi par l’actualité de son discours. Continuer la lecture

La Sainte Famille

« Cette question du mariage gay m’intéresse en raison de la réponse qu’y apporte la hiérarchie ecclésiale. Depuis le 1er siècle après Jésus-Christ, le modèle familial, c’est celui de l’église, c’est la Sainte Famille.

Mais examinons la Sainte Famille. Dans la Sainte Famille, le père n’est pas le père : Joseph n’est pas le père de Jésus. Le fils n’est pas le fils : Jésus est le fils de Dieu, pas de Joseph. Joseph, lui, n’a jamais fait l’amour avec sa femme. Quant à la mère, elle est bien la mère mais elle est vierge. La Sainte Famille, c’est ce que Levi-Strauss appellerait la structure élémentaire de la parenté. Une structure qui rompt complètement avec la généalogie antique, basée jusque-là sur la filiation : on est juif par la mère. Il y a trois types de filiation : la filiation naturelle, la reconnaissance de paternité et l’adoption. Dans la Sainte Famille, on fait l’impasse tout à la fois sur la filiation naturelle et sur la reconnaissance pour ne garder que l’adoption.

L’église donc, depuis l’Evangile selon Saint-Luc, pose comme modèle de la famille une structure élémentaire fondée sur l’adoption : il ne s’agit plus d’enfanter mais de se choisir. à tel point que nous ne sommes parents, vous ne serez parents, père et mère, que si vous dites à votre enfant « je t’ai choisi », « je t’adopte car je t’aime », « c’est toi que j’ai voulu ». Et réciproquement : l’enfant choisit aussi ses parents parce qu’il les aime.

De sorte que pour moi, la position de l’église sur ce sujet du mariage homosexuel est parfaitement mystérieuse : ce problème est réglé depuis près de 2 000 ans. Je conseille à toute la hiérarchie catholique de relire l’Evangile selon Saint-Luc.

[Il sourit] Ou de se convertir.»

Michel Serres
[La Dépêche du Midi, le 24 octobre 2012]

Michel Serres / Bernard Stiegler : « Pourquoi nous n’apprendrons plus comme avant. »

Pour ne pas rentrer idiot, on peut voir le dialogue qui s’est déroulé à l’Académie française, sous l’égide de Philosophie magazine, entre Michel Serres et Bernard Stiegler dont l’intitulé est repris en titre de cette chronique. Le lien vers l’intégrale de l’entretien se trouve à la fin du texte. Le questionnement des deux philosophes ne peut pas ne pas entrer en résonance avec le quotidien de tout enseignant qui refuse de se vivre comme un OS de l’Education Nationale. Continuer la lecture