Le nouveau jeu du Commisariat aux archives

Il y avait une fois…C’était en été 2008.

Le “Zoutma” de Véronique Werner. J’avais trouvé qu’elle était au bon endroit cette invitation à s’asseoir dans un environnement où tout signale l’exigence contemporaine de fluidité et de mobilité.

Comme on peut le constater aujourd’hui, il n’y a plus rien. L’effaceur de sculptures a de nouveau sévi.

Nous avions en effet déjà observé les agissements du Commissariat aux archives de Mulhouse (section des œuvres d’art contemporaines effacées de l’espace public) avec la disparition d’une œuvre de Tobias Rehberger sur la parvis de la gare.
Rappelons que Le Commissariat aux archives est, selon Georges Orwell, l’organisme de gestion des effacements, des retouches, des découpes.

Nous en avions alors retrouvé la trace.

De même cette fois :

Le long du canal de la gare vers la Fonderie, près de la Place Jean Touzet du Vigier

Est-ce un nouveau jeu ?
Y aura-t-il d’autres effacements ?
Du passé, faisons table rase ?
Qui décide de quoi et comment ?
Qui est Commissaire aux archives ?

J’ai trouvé le Commissariat aux archives de Mulhouse

Il y a un an, en mai 2012, je demandais où était passée une oeuvre de Tobias Rehberger installée sur le parvis de la gare. Elle avait été déplacée de manière autoritaire et sans respect pour l’œuvre pour rendre cet endroit encore un peu plus désert et plus laid qu’il n’était déjà.

Je demandais où était le Commissariat aux archives de Mulhouse

Selon Orwell, on appelle Commissariat aux archives l’organisme stalinien de gestion des effacements, des retouches, des découpes.

J’ai retrouvé les éléments qui forment cette œuvre intitulée Muullhhoouusse.

Les voici :

Effacement

Il y avait une fois sur le parvis de la gare

Il n’y a plus sur le parvis de la gare

Qu’y avait-il sur le parvis de la gare ?

 Une œuvre de Tobias Rehberger comme il y en a tout au long de la ligne 1 du tramway au terme d’une commande publique subventionnée par la Direction régionale des affaires culturelles.

Muullhhoouusse est le titre de ce  faux jumelage météorologique avec trois autres villes. Il y a Millhouse et  Casa Molino, ces deux là ne sont pas faciles à trouver car  il y a autant de Casa Molino que de moulins en Espagne. C’est peut-être pour cela qu’ils n’ont jamais trouvé le branchement. La troisième est Mülhausen, ville allemande de Thuringe qui fut l’un des grands centres de la Guerre des Paysans en 1524/1525 avec Thomas Müntzer,  soulèvement qui a eu lieu, rappelons-le en même temps en Alsace et dans le Sundgau .

 Où sont passé ces trois abris ?

Au Commissariat aux archives ?

Le Commissariat aux archives est en effet, selon Georges Orwell, l’organisme de gestion des effacements, des retouches, des découpes :

« Et cette galerie, avec ses cinquante employés environ, n’était qu’une seule section, un seul élément, en somme, de l’infinie complexité du Commissariat aux Archives. Plus loin, au-dessus, il y avait d’autres essaims de travailleurs engagés dans une multitude inimaginable d’activités.
Il y avait les immenses ateliers d’impression, avec leurs sous éditeurs, leurs experts typographes, leurs studios soigneusement équipés pour le truquage des photographies. Il y avait la section des programmes de télévision, avec ses ingénieurs, ses producteurs, ses équipes d’acteurs spécialement choisis pour leur habileté à imiter les voix. Il y avait les armées d’archivistes dont le travail consistait simplement à dresser les listes des livres et des périodiques qu’il fallait retirer de la circulation. Il y avait les vastes archives où étaient classés les documents corrigés et les fournaises cachées où les copies originales étaient détruites. Et quelque part, absolument anonymes, il y avait les cerveaux directeurs qui coordonnaient tous les efforts et établissaient la ligne politique qui exigeait que tel fragment du passé fût préservé, tel autre falsifié, tel autre encore anéanti. »
George ORWELL, 1984.

Nous venons d’ajouter au Commissariat aux archives la section des œuvres d’art contemporaines effacées de l’espace public.
Cela méritait d’être signalé.