Ce mois de décembre voit le début de l’installation massive des compteurs dits intelligents (Linky pour l’électricité, Gazpar pour le gaz), ce déploiement étant inscrit dans la loi sur la transition énergétique votée le 18 août dernier.
La communication d’ERDF sur les compteurs communicants cible toujours essentiellement les supposées facilités pour le client ou le supposé intérêt en matière d’énergie renouvelable, en l’absence bien évidemment de toute information technique ou sanitaire réelle :
“C’est un compteur communicant, ceci signifie qu’il peut recevoir des ordres et envoyer des données sans l’intervention physique d’un technicien. Il a été conçu pour faciliter la vie des clients d’ERDF. La pose des compteurs communicants Linky commencera fin 2015.
L’objectif est de remplacer 90 % des anciens compteurs dans 35 millions de foyers en France d’ici 2021. Lors du remplacement, ni le compteur, ni sa pose, ne seront facturés au client (sic!!!). Le nouveau compteur prend la place de l’ancien…sa taille est identique à celle de votre compteur actuel.”
Pour ceux qu’une certaine curiosité pousserait, lire la suite ici.
Qu’en est-il techniquement en réalité ?
En réalité le système permet surtout de connaître finement tout ce qui passe chez le client et qui met en jeu un appareil électrique. Le système est basé sur la technique CPL (courant porteur en ligne) qui permet de faire passer un signal en utilisant le système électrique du domicile. Ce signal peut être envoyé et récupéré là ou il est souhaité. C’est ainsi qu’un ordinateur peut être relié à une box à n’importe quel endroit du domicile. Or les signaux parcourent tout le réseau domestique. Toute information sur tout appareil électrique peut être alors recueillie par Erdf qui sait donc précisément à quel moment et quel appareil est en activité chez un client donné, quelle est sa consommation. Il est donc possible de connaître en temps réel si un logement est vide ou occupé, combien de personnes sont présentes et leurs activités. Ces appareils peuvent également être pilotés à distance, notamment en régulant leur puissance. Un tel système permet donc d’arrêter autoritairement à distance tous les appareils, ballon d’eau chaude et radiateurs électriques par exemple, en cas de pointe de consommation. Par ailleurs, des sociétés privées, chargées du stockage et de l’effacement des données auront accès aux consommations en temps réel. On voit donc bien à la fois les intérêts commerciaux mais aussi tous les risques, soit de perte de maîtrise de sa propre gestion de son activité, soit de piratage, les systèmes n’étant de ce point vue pas fiables (des hackers ont ainsi pu modifier la consommation relevée par de tels compteurs, finalement pas si intelligents que cela).
Mais l’absence de fiabilité et les problèmes de sécurité attenant posent une autre question d’importance qui est celle d’une cyberattaque dont les effets pourraient être aussi généraux que sera la généralité de l’implantation de ces compteurs. Paranoïa ? La réalité semble pourtant bien là. (Lire dans ce cadre l’article de Guillaume Poupard : « Une attaque majeure tous les 15 jours en France » LE MONDE ECONOMIE | 06.11.2015 à 17h12 | Propos recueillis par Didier Géneau et Sophy Caulier , Ed. abonnés. Extrait :
“Placée sous l’autorité du premier ministre, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) et ses 450 experts sont chargés de la mise en place et de la coordination d’une stratégie nationale en matière de cybersécurité, à la fois auprès des ministères et des entreprises.
Quel est le nombre de cyberattaques par an en France ?
C’est impossible à dire. Si on veut comptabiliser tous les types d’attaques, même les plus basiques, il y en a sûrement plusieurs centaines de millions par an. Mais l’immense majorité de ces menaces ne provoquent aucun dégât. Si on se focalise sur les attaques majeures touchant une administration ou un grand industriel, à l’image de ce qu’a subi TV5 Monde en début d’année, avec un véritable impact en termes de fonctionnement de l’entreprise ou de compromission d’informations, c’est de l’ordre d’une attaque tous les 15 jours en moyenne…
…Est-ce pour faire de l’espionnage, du sabotage ou autre chose ?
Peut-être qu’ils ne le savent pas non plus, et qu’ils préparent tout simplement l’avenir. Une attaque informatique, cela ne se décrète pas en une heure. Dans le cas de TV5 Monde, on sait maintenant que les pirates étaient dans la place depuis deux mois. Et, à un moment donné, ils ont déclenché l’attaque qui a tout détruit.”
Il est paradoxal qu’un gouvernement puisse proposer de modifier une constitution pour instaurer un état d’urgence permanent, et restreindre ainsi les libertés individuelles, sous l’argument du terrorisme et par ailleurs permettre la mise en place d’un système non sécurisé susceptible de graves cyber attaques.
Effets sur la santé
Du point de vue sanitaire les conséquences sont liées à celles des ondes portées et émises par les différents appareils du circuit domestique. Lorsqu’un signal par CPL parcourt le réseau électrique, un rayonnement est émis et chaque installation est alors transformée en antenne. La conséquence réside donc en une pollution électromagnétique qui se rajoute à celle déjà présente du fait de la présence d’éventuelles antennes extérieures, de l’utilisation du WIFI, des DECT (téléphones intérieurs sans fils) etc. Or, si les effets sur la santé sont déniés par les opérateurs, les pouvoirs publics dans leur ensemble, mais aussi une partie de la population elle-même qui ne fait que reprendre les faux arguments proposés par ces derniers, ils n’en sont pas moins bien réels et documentés. L’électrosensibilité est d’ailleurs maintenant judiciairement reconnue (récemment, Le Tribunal du Contentieux de l’incapacité de Toulouse a rendu un jugement reconnaissant le droit à une allocation pour le handicap “d’électrosensibilité” à Marine Richard pour une déficience fonctionnelle évaluée à 85%) Faut-il aussi préciser que les compagnies d’assurance excluent depuis 2002 de leur police en responsabilité civile “tous les dommages, frais ou dépenses de quelque nature que ce soit causés directement ou indirectement par, résultant de ou liés de quelque manière que ce soit aux champs électromagnétiques”. L’OMS elle-même a classé les micro ondes comme potentiellement cancérigène.
De même, en mai 2015, 190 scientifiques de 39 pays différent ont lancé un appel à l’ONU et à l’OMS pour que soient pris en compte les effets sur la santé des ondes électromagnétiques (vidéo ici) et renforcées les réglementations de façon à ce qu’elles soient plus protectrices.
Un des arguments à l’encontre des effets sanitaires des micro-ondes portent sur le fait que les symptômes ressentis sont des symptômes généraux. Mais fatigue générale, dépression, difficultés de concentration, céphalées, vertiges et autres douleurs musculaires n’ont strictement rien à voir dans leur expression comme dans leur ressenti avec les mêmes symptômes ou pathologies éprouvés dans d’autres conditions. Et seul le déni, quelles qu’en soient les raisons, permet de tirer un trait sur l’ensemble des études qui décrivent tous ces effets. La solution serait, bien évidemment, de mettre en place des études portant sur une différenciation de l’expression de ces symptômes. Peut-être commencerait-on à y voir plus clair.
Appel aux politiques
Un “Appel pour des technologies sécurisées filaires Contre les réseaux Linky et l’Internet des objets” a été très récemment lancé par l’association Robin des toits dont on peut trouver le texte intégral ici.
On peut trouver également proposé par cette association une fiche technique qui résume clairement à la fois les aspects techniques sanitaires (à voir en cliquant sur l’image).
A-t-on le droit de refuser l’installation de compteurs intelligents ?
Aucun texte réglementaire n’impose à un particulier d’accepter la pose d’un compteur Linky chez lui. Le refus est basé sur le fait que l’installation d’un compteur intelligent n’est pas sans conséquences sur la santé, a minima qu’il n’est en rien prouvé qu’il n’y a aucun effet sanitaire. Une entreprise ne peut donc imposer un système susceptible d’effets sanitaires. Plusieurs associations et organisations proposent d’ailleurs des modèles de lettre de refus comme celle de Robin des toits, directement accessibles sur internet.
La question du refus peut être plus délicates à traiter dans le cas d’une copropriété. Dans beaucoup de cas la pose s’est faite sans que les copropriétaires, et a fortiori les locataires, ne soient au courant. Il est donc important de sensibiliser les voisins. Là encore plusieurs associations proposent des affiches à apposer dans l’immeuble.
Les grandes entreprises, comme le pouvoir, ont compris beaucoup de choses avec les OGM. La parole est d’argent mais le silence est d’or. Or, une simple question : pourquoi l’Allemagne a renoncé à généraliser ce type de compteurs là où la France passe en force ? La technique est loin d’être récente (les nuages radioactifs dus à Tchernobyl s’arrêtaient déjà à la frontière française !!!), mais toujours la même : faire croire aux gens que s’ils ne marchent pas dans le discours officiel c’est qu’ils sont soit débiles (manquant de cette intelligence attribuée aux compteurs) soit psychologiquement fragiles voire carrément malades, soit, faute d’arguments honnêtes, pathologiquement contre le progrès. C’était la technique des multinationales de l’agro-alimentaire en leur temps. C’est la technique actuelle des opérateurs en téléphonie mobile et des agences nationales concernées (Anses pour ne pas la citer) en ce qui concerne les ondes électromagnétiques. C’est le même discours en ce qui concerne les compteurs “intelligents”, d’autant plus que leurs effets sanitaires sont liés à l’excessive pollution électromagnétique domestique à laquelle ils feront plus que participer.