“A©TA, un monde sous copyright”


La Parisienne Libérée – A©TA, un monde sous… par Mediapart

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Voir aussi sur Le wagges ici et .

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Le risque sismique sur l’échelle de Richert (sic) et le séisme de Bâle (1356)

1. Le risque sismique sur l’échelle de (Philippe) Richert

Quant au risque sismique, l’énergie (?) dégagée à Fukushima (?) a été
300 fois ( ?) supérieure à celle (?) qui a détruit Bâle au Moyen-âge.
Et la centrale a été détruite (?) par le tsunami.
Il est peu probable qu’il se produise un tsunami en Alsace

Philippe Richert,
Président de la Région Alsace et ministre
L’Alsace du 29 janvier 2012

Quand l’à peu près approximatif tourne au charabia de la part d’un responsable (?) politique, on ne peut qu’y voir une raison supplémentaire de ne pas avoir confiance et de demander la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Ce que c’est que de n’avoir pas écouté à l’école quand on y apprenait qu’il faut comparer ce qui est comparable, à moins bien sûr que cela ne vienne de l’habitude de ne jamais être contredit. La dernière phrase,  en tout cas, montre qu’il prend ses interlocuteurs pour des gogos. Mais cela tombe bien. Comme nous n’apprécions pas du tout que l’on se paye notre tête, c’est pour nous l’occasion de republier un travail qui était paru sur l’ancien site du wagges qui a malheureusement disparu.

La ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, à propos de la situation de Fessenheim sur une faille sismique, avait déclaré l’an dernier que la centrale avait été conçue pour résister à un séisme d’une puissance de 6,7, supérieur donc à celui de 1356 à Bâle, estimé à 6,2 sur l’échelle de Richter. La centrale a été dimensionnée, a-t-elle expliqué, pour résister à un séisme “d’une puissance cinq fois supérieure” au tremblement de terre de Bâle. Nous nous étions même étonné de cette étrange formule qui permet d’expliquer qu’en multipliant par 5 on passe de 6,2 à 6,7. Cela provient du fait que l’échelle de Richter est en effet une échelle logarithmique.

Rappel historique.

2. Le séisme de Bâle (1356)

Tout à coup, je voyais devant moi des montagnes de pierres, le silence et l’horreur de qui fixait ce spectacle avec les yeux et l’esprit”.

Ces mots sont du poète Pétrarque, témoin du tremblement de terre de Bâle en 1356

L’écroulement de Bâle extrait de la "Cosmographia" (1544) du savant humaniste Sebastian Münsters, mort à Bâle en 1552. Une “manga” de l’époque en quelque sorte

Que s’est-il passé à Bâle qui explique le spectacle que Pétrarque découvre en revenant de Prague le 18 octobre 1356 ? Un tremblement de terre qui a fortement marqué les esprits par son amplitude et son contexte. Le site officiel de la Ville de Bâle le situe entre 6,2 et 6,7 sur l’échelle de Richter. Les experts suisses et allemands (voir plus loin) sont proches de 6,9.

L’évaluation des dégâts causés à l’époque par ce séisme est basée sur deux livres Le Livre Rouge de Bâle (Das Rothe Buch von Basel) et Alphabetum Narrationum de K. von Waltenkofen qui sont deux livres écrits en 1356 ou 1357, donc peu de temps après le séisme.

L’Alphabetum Narrationum décrit les événements ainsi:

En l’an de grâce 1356, le jour de la Saint-Luc, avant vêpres, il y eut à Bâle et dans ses environs jusqu’à une distance de deux milles un tremblement de terre qui provoqua la chute de nombreux bâtiments, églises et châteaux et la mort de nombreuses personnes. Les secousses se poursuivent dans la même journée et la nuit suivante avec une violence telle que les habitants fuirent la ville, s’installèrent dans les champs, dans les cabanes et les fermes pour de nombreux jours. Même les soeurs cloîtrées se rendirent dans un jardin appelé Vögelisgarten et restèrent là de nombreux jours, sous des cabanes avec de nombreuses autres personnes des deux sexes et, une fois retournées chez elles, vécurent encore longtemps dans la grange avant de réintégrer leur cloître. Au cours de cette même nuit, vers une heure, se déclara un incendie qui dura plusieurs jours et consuma presque toute la ville à l’intérieur des remparts. Les faubourgs furent épargnés. Le feu, propagé jusqu’à la cathédrale, fit s’embraser le clocher dans lequel se trouvait la grosse cloche et la détruisit, ainsi que les précieuses orgues, de cette maison de Dieu. Les tremblements de terre avaient été si violents que pas un seul bâtiment, notamment ceux construits en pierre, n’échappa à une destruction partielle ou totale. Là-dessus survint une troisième calamité: le lit de la Birs fut obstrué par les bâtiments détruits et l’eau s’infiltra dans les caves où la population avait stocké ses provisions et les gâta. Parmi les premières secousses, certaines avaient été si fortes que les cloches avaient sonné. Ainsi entendit-on sonner trois fois la cloche du cloître des frères prêcheurs sans que quiconque la remue ni ne la tire. Pendant une année, presque chaque mois, la terre trembla. On peut voir qu’est arrivé ce que le Seigneur disait dans l’évangile de Saint-Luc [21-11]: un peuple supplantera un autre peuple, un royaume un autre royaume et il y aura çà et là de grands tremblements de terre.

On utilise aussi la chronique latine de F. Faber écrite en 1488 dans laquelle l’auteur tente de reconstituer le déroulement des événements de Bâle. Il raconte les événements ainsi:

L’an 1356, le jour de Saint-Luc Evangéliste, il y eut un tremblement de terre dans toute l’Allemagne et la terre fut secouée non pas une fois mais plusieurs fois pendant trois mois. Ce jour là [le 18 Octobre], avant le soir, il y eut trois secousses et une quatrième plus importante avant la tombée de la nuit. La nuit suivante, de l’heure du coucher jusqu’à minuit, la terre trembla six fois, et la première fois si violemment que beaucoup de bâtiments s’écroulèrent. Le jour suivant [le 19 Octobre], il y eut deux secousses et d’autres ensuite… 

Les dégâts causés sont aussi décrit :

Dans un premier temps, les premiers tremblements de terre firent s’écrouler une partie de la ville. Une partie de l’église-cathédrale tomba sur les écoles, une autre dans le Rhin. Beaucoup de gens furent ensevelis; les autres fuirent à la campagne.

Peu après, un incendie se déclara au Monastère de Saint-Alban alors que la plupart des habitants avaient déjà fuit la ville. Puis survint le second choc destructeur:

A la nuit tombée, il y eut une énorme commotion [“praegrandis terraemotus”] et plusieurs personnes furent écrasées comme lors de la première secousse. Elle jeta à bas les maisons et les tours qui restaient, toutes les églises s’écroulèrent et leurs voutes tombèrent à l’exception des églises Saint-Jean et des Frères Prêcheurs qui, cependant, montrèrent de nombreuses lézardes…

Ce séisme est, avec celui de Lisbonne en 1755, celui qui a frappé le plus les imaginations, en Europe, surtout à cause de son contexte. En effet, un séisme assez destructeur s’était déjà produit dans les environs de Bâle en 1348 et a été violemment ressenti dans la ville. Mais surtout la peste dite “peste noire” frappe le pays depuis 1348 et a emporté un quart de la population bâloise. Les Juifs désignés comme boucs émissaires de la peste seront victimes de pogroms. Enfin, nous sommes au beau milieu de la guerre de 100 ans qui ravage l’Europe. Et c’est à ce moment que se produit le fameux séisme “de la Saint-Luc”. Selon les auteurs le nombre de victimes (100, 300 1000, 2000), de châteaux détruits (entre 60 et 80) varie.

Les effets ont été ressentis très loin de Bâle, à Berne, Zurich, Lucerne et jusqu’à Constance en Allemagne. En France, l’Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, la Bourgogne, la Champagne et l’Ile-de France furent plus ou moins touchées.
Les témoignages proviennent de la documentation pédagogique de l’EOST (Ecole et Observatoire des Sciences de la terre) de Strasbourg.

Pour  Strasbourg, le chroniqueur Fritsche Closener (1362) écrit :

En 1356, le jour de la Saint-Luc, il arriva sur le soir un tremblement de terre assez sensible suivi de quelques autres avant la nuit qui le furent moins. Vers dix heures du soir, survint une commotion très violente: elle jeta à bas des maisons de nombreuses mitres des cheminées ainsi que des faîtières, et à la cathédrale, elle renversa les ciboires et les ornements. 

A Metz, Philippe de Vigneulles rapporte :

le jour de la Saint-Luc en hyveir, fut le tremblement en Mets, tel et si grant que tout crolloit en plusieurs lieux par la cité et sembloit que les maisons deussent cheoir, et heurtoient les tuppins [les vases, les pots] des maisons et cuisines où ilz estoient pendans l’ung près de l’autre ensemble, dont plusieurs gens avoient peur; et n’estoit mie de merveille car ilz n’avoient jamais eu tel temps, et crolla [trembla] la terre plusieurs fois.

A Besançon, un témoin anonyme écrit :

L’an mil trois cens cinquante six, il fit groz tremblement de terre à Basle…Aussi fist-il en Bourgogne de fasson que la plus grosse tour du chastel de Montron [Montrond-le-Chateau] cheut bas. Et fust ce le jour de la Sainct-Luc environ l’heure du disner. Aussi sembloit-il proprement que les aysemens des rateliers [ustensiles sur les étagères] se batissent l’ung l’autre; enfin toutesfois cela s’appaisa, mais sur l’heure de coucher il recommença pis que devant de manière que le pauvre peuple comme tout esperdu s’en fuyoit hors des maisons. La tour de Vaitte de Besançon en plusieurs endroictz en fut toute rompue et tempestée. 

3. Le séisme de Bâle et Fessenheim

La perception du tremblement de terre de Bâle intervient dans la définition des risques sismiques auxquels peut être confrontée la centrale nucléaire de Fessenheim. Le problème est qu’il n’y a pas consensus. Selon qu’ils soient français suisses ou allemands, cette perception varie selon les experts qui ne sont d’accord ni sur la définition de la magnitude du séisme de Bâle ni surtout sur la distance à envisager entre la centrale et l’épicentre d’un futur tremblement de terre.

Selon les experts suisses la magnitude du séisme de Bâle varie de 6,2 à 6,9. Si le dernier chiffre est vrai, il n’y a pas de marge.  Tout cela est contenu dans une étude d’un cabinet d’ingénieurs conseils suisses où l’on peut lire ceci (CN signifie Centrale nucléaire) :

La plupart des experts sont convaincus qu’un séisme analogue à celui de 1356 est obligatoirement lié à une zone de faiblesse tectonique associée à l’interaction entre le graben du Rhin supérieur et le fossé permo-carbonifère. Certains d’entre eux, en particulier les experts français, en concluent qu’un tel séisme se situe automatiquement au sud de la ville de Bâle, à 30 km au minimum de la CN de Fessenheim. Cependant, de nombreux autres – deux groupes d’experts PEGASOS, les auteurs des études nationales allemandes et suisses les plus récentes – situent la frontière de la zone correspondante plus au nord, principalement entre 10 et 20 km au sud de la CN de Fessenheim.

Deux sur les quatre groupes d’experts de PEGASOS pensent qu’il n’est pas possible d’exclure qu’un séisme analogue à celui de 1356 puisse survenir dans les alentours immédiats ou proches de la CN, attribuant une probabilité de 0.3 à 0.4 pour que cette hypothèse soit correcte.

Il en ressort qu’une distance à la CN de Fessenheim de 34 km, et même de 29 km (…) se situe du côté optimiste des valeurs évoquées par les différents experts. Par conséquent, les distances de 34 ou 29 km doivent être jugées, dans le contexte d’une démarche sécuritaire déterministe, comme sur-évaluées. Au moins, des recherches tectoniques très poussées seraient nécessaires pour pouvoir – éventuellement – exclure des distances plus faibles.

Extrait de Centrale nucléaire de Fessenheim : appréciation du risque sismique. Rapport d’expertise Résonance.

Le bureau d’Etudes Résonance de Genève conclut à « une sous-estimation prononcée de l’aléa sismique ». Cette sous-estimation est due «une interprétation trop optimiste des caractéristiques clef du séisme de Bâle de 1356 servant comme séisme de référence : sous-estimation de sa magnitude et surévaluation de la distance minimale à la CN à laquelle un tel séisme pourrait survenir ».

Rappelons que dans son rapport d’évaluations complémentaires, vis-à-vis du risque de séisme, l’ASN (Agence de Sûreté Nucléaire) exige d’ EDF :

De faire en sorte que les équipements permettant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté soient protégés contre l’incendie en cas de séisme. En effet, les principales dispositions de protection des installations contre l’incendie ne sont pas aujourd’hui dimensionnées pour résister au séisme du référentiel de l’installation;
(….) Pour les sites de Tricastin, Fessenheim et Bugey, de fournir une étude analysant le niveau de robustesse au séisme des digues et autres ouvrages de protection des installations contre l’inondation et de présenter les conséquences d’une défaillance de ces ouvrages.

 

Articles à venir :
– Le mythe de l’indépendance énergétique de la France et celui de l’électricité pas chère.
– Jérémy Rifkin : les grandes révolutions économiques dans l’histoire : la convergence des
nouveaux systèmes d’énergie et de communications.

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Open data (2) Un chemin vers la démocratie

Après une première présentation, voici une deuxième contribution sur l’Open data, qui, rappelons-le, signifie plus que l’accès en ligne aux données publiques :  les données doivent être ouvertes et réutilisables.  Réutilisation par le marché certes pour la création de nouveaux services mais aussi par les citoyens. De nombreuses possibilités leur sont offertes. A eux de s’en emparer.
Un citoyen informé est un citoyen actif et vigilant. Une démocratie transparente est un régime dans lequel les pouvoirs publics sont réellement responsables devant leurs électeurs et les citoyens confiants à l’égard de leurs dirigeants, estime Dominique Cardon plaide donc pour l’ouverture et la mise en ligne des données publiques et invite à faire le pari de la confiance en leurs usages citoyens vertueux. Les responsables politiques doivent apprendre à donner des données sans en attendre un retour particulier et en laissant aux citoyens la possibilité d’inventer de nouvelles utilisations. Au niveau des municipalités, certains maires y croient, d’autres rénovent leurs sites à l’ancienne dans la bonne vieille tradition propagandiste.


Open data : le chemin vers une vraie démocratie… par laviedesidees

Dominique Cardon est sociologue au Laboratoire des usages d’Orange Labs et chercheur associé au Centre d’études des mouvements sociaux (CEMS/EHESS). Ses travaux portent sur les relations entre les usages des nouvelles technologies et les pratiques culturelles et médiatiques. Il est notamment l’auteur de La démocratie Internet : promesses et limites (Le Seuil, 2010) et de Médiactivistes avec Fabien Granjon (Presses de Sciences Po, 2010)

Source : Ivan Jablonka & Pauline Peretz, « Open data : le chemin vers une vraie démocratie citoyenne. Entretien avec Dominique Cardon », La Vie des idées, 20 janvier 2012. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Open-data-le-chemin-vers-une-vraie.html

Parmi les exemples cités par Dominique Cardon, il y a l’initiative Regards Citoyens  où l’on trouve notamment un Observatoire citoyen de l’activité parlementaire. Au hasard, nous avons observé l’activité d’un député qui y va mollo.

L’autre exemple cité est celui de la Révolution fiscale de Thomas Piketty. Il permet à chacun de simuler sa propre réforme fiscale.

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