Effet 11 janvier. Entendu aujourd’hui sur une grande radio nationale. Le journal de ce matin du 5 février rapporte les propositions suivantes pour l’Ecole : salut au drapeau, marseillaise chantée le matin, retour de l’ordre. Et pourquoi pas, dans la même ligne, la prière en début et en fin de journée ? Les effets pervers de cette journée du 11 janvier n’ont pas fini de s’étaler. En contrepoint, des enseignants reçoivent les nouvelle modalités d’évaluation au baccalauréat selon les compétences où le bon côtoie le pire Continuer la lecture
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L’école embarquée (embedded)
Il n’est pas trop tard pour revenir sur l’épisode étonnant provoqué par Nathalie Kosciusko-Morizet dont le mensonge grossier a suscité un élan de patriotisme local à Mulhouse et a vu les enseignants, les syndicats, l’inspection académique et les partis de gauche faire corps pour reprocher à la dirigeante de l’UMP de donner une image négative de la ville. L’épisode s’est conclu dans la dénégation de tout problème avec l’extraordinaire complicité du journal L’Alsace qui a su organiser ce moment de patriotisme municipal et s’instaurer en instance de vérité. Est vrai ce qui résulte de l’enquête du quotidien.
Nathalie Kosciusko-Morizet avait affirmé s’appuyer sur un témoignage du maire pour déplorer qu’à Mulhouse des enfants arriveraient en retard à l’école pour des raisons confessionnelles. Jean Rottner, dont il faut rappeler qu’il s’est déclaré en guerre, au lieu de l’envoyer paître s’est enferré dans un semi-démenti.
Le maire de Mulhouse se vante de beaucoup consulter. On en connaît maintenant le résultat. Chacun de ceux qui le rencontrent désormais sait que ce qu’il lui dira pourra finir au bureau politique de l’UMP pour y être dévoyé par quiconque aura envie de se pousser du coude à peu de frais. C’est ce qui vient de se passer.
C’est ainsi que s’effondre la velléité de refonder un vivre ensemble qui se ferait avec ou qui passerait par la municipalité.
Et Mulhouse se révèle comme un laboratoire du candidat UMP à l’élection présidentielle.
Au delà du mensonge dont elle a du s’excuser, l’erreur majeure qu’a commise la dirigeante de l’UMP est d’être sortie du cadre du politiquement correct de l’après Charlie. d’avoir brisé l’unanimisme de façade. Se sont alors malheureusement installées la dénégation et l’omerta là où l’on voulait – admettons-le un instant, du moins dans les intentions du Maire de Mulhouse – que les bouches s’ouvrent. Belle réussite du « territoire hautement citoyen » qui se dégonfle lui aussi comme un vulgaire gadget marketing.
Laissez-nous dormir et ronronner en rond a dit en substance un syndicat enseignant. Tout va bien, pas de problème a dit l’inspection académique.Et le parti socialiste et les autres partis de gauche ont réagi comme s’ils étaient l’office du tourisme.
Alors tout va bien, on se rendort ?
On se rendort …
et on se laisse embarquer.
Le 4 février dernier, le préfet du Haut-Rhin réunissait les responsables de collèges et de lycée aux côtés de ceux de la police, de la gendarmerie et de la justice autour du tous unis chacun à sa place contre “la” radicalisation. Radicalisation de qui, de quoi ? On ne le saura pas. Radicalisation point.
Voici donc l’école embarquée (embedded) au sens militaire dans une guerre qui ne dit pas son nom contre une notion particulièrement floue et fourre-tout alors que sa première tâche serait de rendre aux mots leur sens. Le Larousse définit le mot radicaliser de la façon suivante : « Rendre un groupe, son action, plus intransigeants, plus durs, en particulier en matière politique ou sociale » et donne comme exemple : En déclenchant la grève, le syndicat radicalise ses revendications. Contre quelle radicalisation va-t-on se battre ? Au même moment, gauche et droite étaient unis au parlement pour criminaliser les actions de Greenpeace dans les centrales nucléaires plutôt que de se demander pourquoi on y entre si facilement.
Ajoutons qu’une des fonctions principales de l’école serait d’apprendre aux élèves à acquérir une pensée radicale c’est à dire qui prend les choses à leur racine.
François Hollande dans sa conférence de presse a délibérément manipulé le langage guerrier en parlant de l’école. Il n’a pas seulement repris le terme radicalisation. L’usage délibéré de l’expression militaire de « réserve citoyenne » est elle aussi destinée à évoquer une guerre intérieure et à rassembler autour du chef . La réserve citoyenne est un corps de volontaire collaborant au ministère de la défense. « Développer ce corps de la réserve citoyenne est une vieille proposition, écrit le Monde (6 février) qui précise qu’elle vient de la droite : . « En 2013, la sénatrice UMP des Français de l’étranger, Joëlle Garriaud-Maylam, proposait de la renforcer pour mieux s’adresser à « une jeunesse déboussolée en quête de repères, de sens et d’engagement », notamment chez les expatriés français ». Même si la proposition du Président de la République n’est pas la même, il n’est pas indifférent de savoir d’où elle vient.« Il s’agirait, précise encore le Monde de faire appel à des volontaires qualifiés de par leur parcours ou leur profession pour intervenir dans les écoles et évoquer la citoyenneté ».
On pourrait par exemple proposer aux jeunes ceci : Ne t’attaque pas au système, démode-le ; ou encore ceci : Si Dieu existe.
Voir aussi Ce qu’en dit Victor Hugo et Etre Charlie à l’Education Nationale ou le refus de marcher au pas