Ici, Mulhouse avance et ça se voit

En effet, cela se voit :

On ne sait trop comment qualifier ce saccage par la publicité d’une peinture murale réalisée en 2001 par Fernand d’Onofrio sur la place Lucien Dreyfus : vulgarité, laideur, incompétence, dictature publicitaire ? Peut être cynisme tout simplement. Les différents qualificatifs ne s’excluent pas. Option vulgarité : récemment, l’adjoint chargé de « la  préservation et mise en valeur du patrimoine historique mulhousien (promotion de la ville et du label Ville d’art et d’histoire) », c’est sa délégation officielle, Jean Pierre Walter a déclaré, appuyé par le Maire, qu’il fallait « consommer Mulhouse ». Si une ville n’est qu’un objet de consommation comme un autre, il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas de publicité sur l’emballage.

Nous avons par ailleurs déjà évoqué la manière dont on traite les œuvres dans cette ville.

Je suis très heureux de constater qu’il y a à Mulhouse des tentatives de contestation de la publicité et de réappropriation de l’espace public. Je partage sur ce point les objectifs des Indignés de Mulhouse.

Ils sont à l’initiative d’une lettre ouverte appuyée par les Verts et la Société Engelman. Si j’en partage les termes, j’en publie le texte ci-dessous, je ne signerai pas leur pétition. Je dirai plus loin pourquoi.

Libérez la fresque de la place Lucien Dreyfus !

25 juin 2012

Lettre ouverte à ceux qui ne veulent pas que la frénésie publicitaire étouffe l’art populaire.

Les fresques murales qui ornent Mulhouse sont considérées à juste titre parmi les curiosités les plus remarquables de la ville, au point d’être vantés comme des arguments touristiques de valeur. Parmi ces murs peints, celui réalisé par Fernand d’Onofrio en 2001 sur la place Lucien-Dreyfus, en plein centre-ville piétonnier, est l’un des plus impressionnants, par sa taille comme par son sujet faisant référence avec humour au patrimoine mulhousien.

Hélas, la belle unité de ce mur en trompe-l’œil se voit gâchée de la plus laide manière qui soit par la présence d’un panneau publicitaire en son coin gauche. Un manque de respect ahurissant pour une œuvre d’art populaire ! Provocation suprême, ce panneau déroulant et lumineux – donc source d’un intolérable gaspillage d’énergie – cache les détails de ce coin de la fresque.

Au même titre que les tentatives de démolition de restes du patrimoine culturel et artistique de Mulhouse, dénoncées il ya quelques mois par le collectif « Sauvez l’hôtel Weber », ou que la démolition effective ou « accidentelle » d’une partie des anciens bâtiments industriels DMC, l’installation de ce panneau publicitaire prouve le peu de considération affichée par la ville de Mulhouse pour certains de ses joyaux.

En 2009, le Ministère de la Culture attribuait à Mulhouse le label de « Ville d’art et d’histoire », compte tenu notamment de son patrimoine architectural et urbanistique.

Ce label étant attribué pour cinq ans, il ne reste donc plus que deux ans à patienter pour le perdre en continuant à décliner avec constance cette vision locale si particulière : négliger, voire effacer, les restes d’un patrimoine culturel historique et artistique, dans ce cas en laissant libre cours aux manifestations les plus déplacées de la frénésie publicitaire !

Pour le respect du patrimoine mulhousien comme pour le respect de l’art de rue,
Au nom du ras-le-bol général face à l’invasion des supports de pub,

Exigez avec nous le démontage immédiat du panneau publicitaire de la place Lucien-Dreyfus ! Signez et faites signer la pétition.

Les Indignés de Mulhouse et du Haut-Rhin
avec le soutien du groupe local EELV section Mulhouse et 3 Frontières
et de la Société Engelmann

La pétition, je ne la signerai pas.

Désolé les amis, mais il est plus que paradoxal, contradictoire même, de faire signer une pétition contre la publicité sur un site de pétition bourré de … publicité y compris pour les affichages lumineux. Un minimum de cohérence s’impose. Si je suis contre la colonisation par la publicité de l’espace public qui nous appartient cela ne vaut pas seulement pour l’espace physique mais aussi pour l’espace numérique. Il existe des sites citoyens de pétition, il n’est pas nécessaire de s’assujettir au marketing.

Mais je demande moi aussi le démontage de ce panneau publicitaire.