Le bilan énergétique de la France

Je ne résiste pas au plaisir de faire connaitre ce graphique sur le bilan énergétique de la France tant il est éloquent et remet quelques réalités en place.

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Il montre en particulier, dans le domaine de l’énergie nucléaire, notre dépendance totale envers les approvisionnements à l’étranger bien souvent situés par ailleurs dans des zones de conflit. L’indépendance énergétique de la France est tombée de 30 à 9 % depuis 1970.
Le second constat n’est guère plus reluisant. Il concerne l’énorme gâchis que représente la production d’électricité par les centrales atomiques.

On trouvera le détail des explications faites en  vidéo par Benjamin Dessus, ingénieur et économiste sur le site de l’association Global Chance.

Il est suivi d’un second graphique qui ajoute au premier la dimension consommation par secteur d’activité.

PS: Le concert du Nouvel an pour l’arrêt de la Centrale de Fessenheim aura lieu le dimanche 12 janvier 2014.
Pour plus d’informations

Pour le gouvernement, la catastrophe de Fukushima ne s’est jamais produite…

1. Le rapport Energies 2050 interdit les choix politiques des Français

Certaines des recommandations du rapport « ENERGIES 2050 » commandé par le ministre de l’Industrie jette une lumière crue sur ses objectifs. Ils visent purement et simplement à interdire à la politique des choix autres que ceux de l’industrie nucléaire. Il juge par avance les programmes politiques qui envisagent une sortie progressive.  La seule chose qui reste à la politique est de faire passer la pilule de l’augmentation des tarifs. Un tel degré de perversité technocratique est proprement stupéfiant !

Trois recommandations sur neuf concernent le diktat de la technocratie sur la politique :

Recommandation n° 3 : s’interdire toute fermeture administrative d’une centrale nucléaire qui n’aurait pas été décidée par l’exploitant à la suite des injonctions de l’autorité
Recommandation n° 4 : s’engager courageusement dans une politique de vérité (c’est-à-dire de hausse) des prix de l’énergie et des émissions de CO2, en traitant de façon spécifique et différente le cas de la précarité et celui des industries grosses consommatrices.
Recommandation n° 8 : ne pas se fixer aujourd’hui d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit, mais s’abstenir de compromettre l’avenir et pour cela maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement de la génération 4. La prolongation de la durée de vie du parc actuel nous paraît donc la solution de moindre regret (sous la condition absolue que cela soit autorisé par l’ASN).
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2. Une grossière tentative de manipulation

Mais avant même la publication de ce rapport, les services d’Eric Besson en tirait les conclusions.  Bernard Laponche, polytechnicien, docteur ès sciences et en économie de l’énergie, ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et Benjamin Dessus ingénieur et économiste qui avaient refusé de siéger dans la commission  dont ils jugeaient sa composition trop “pro-nucléaire” ont mis en évidence une grossière tentative de manipulation

Trois jours avant la présentation officielle du rapport de la Commission Energies 2050 mise en place le 11 octobre 2011 par le ministre de l’industrie Eric Besson, la publication par ses services d’un petit document de 7 pages intitulé Enseignements préliminaires du rapport « Energies 2050 » met en évidence la tentative de manipulation grossière de l’opinion mise en place par le Gouvernement avec l’aide (volontaire ou non) de la Commission Energies 2050. Ce petit document, joliment illustré d’arbres verts, réussit dans les 7 pages qui le composent à éviter les mots clés du débat énergétique engagé à l’occasion des présidentielles :
• Le mot de sûreté du parc nucléaire n’y apparaît jamais, alors que c’est évidemment un point majeur du débat. Manifestement, la catastrophe de Fukushima ne s’est jamais produite…
• Le mot d’économie d’électricité n’y figure pas non plus alors qu’il est une composante majeure des stratégies alternatives présentées par l’opposition à la stratégie de poursuite du nucléaire.
• Le mot de facture électrique pour l’usager n’y figure pas non plus, permettant ainsi de réduire le débat à la comparaison des coûts de production d’électricité (le coût du kWh) et « d’oublier » que la facture électrique est le produit d’un coût au kWh par une quantité d’électricité.

Ces éléments de « non langage » permettent à Eric Besson de réduire pratiquement la question de la transition énergétique à celle de la production d’électricité, au sein de laquelle il ne s’intéresse qu’au nucléaire, et de justifier le choix d’une prolongation de la durée de vie du parc actuel au nom de considérations économiques tronquées et au mépris total de considérations de sûreté et de sécurité nucléaires.

Global Chance avait dénoncé dès le 27 janvier dernier dans une analyse critique du rapport préliminaire de la Commission les prémisses d’une telle dérive en déclarant :

« Ce document est un exercice de médiocre qualité, biaisé par des erreurs factuelles, des non dits, des hypothèses implicites et des omissions majeures, sans aucune analyse de cohérence, ni aucun recul par rapport aux études analysées. Il distille ça et là des affirmations non étayées qui relèvent plus de partis pris ou d’opinions subjectives que de jugements objectifs. Cette complaisance et cette médiocrité méthodologique nuisent gravement aux conclusions qui sont ainsi suggérées, sinon proposées aux pouvoirs publics pour une politique énergétique à long terme de la France. »

Global Chance dénonce cette tentative de manipulation irresponsable de l’opinion, qui s’appuie sur les conclusions d’un rapport médiocre partial et bâclé.

Nos concitoyens sont en droit d’attendre un débat argumenté sur les questions énergétiques et non pas une « communication gouvernementale » partisane, gommant délibérément les préoccupations légitimes de sûreté nucléaire et de sécurité qu’ils expriment et les questions principales de la transition énergétique.

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