Le bac, pour quelle utilité ?

Faut-il supprimer un bac qui a perdu tout sens autre que celui d’un rituel de passage ouvrant par là d’ailleurs un nouveau marché ?

« Pourquoi le bac 2013 angoisse encore plus ? », titre d’un dossier paru dans le journal « Le Parisien » du 21 mai 2013. « Insomnies, maux de ventre, ongles rongés… le retour! » peut-on lire dans l’article.

La mise en regard des deux intitulés est assez frappante. En effet, à quoi sert ce baccalauréat qui angoisse apparemment tant élèves et parents, là où ils pourraient être plus que calmes s’ils connaissaient le dessous des cartes ? L’examen a perdu tout son sens premier. Il coûte cher et ne vérifie plus, sauf dans certaines sections (S par exemple et encore !), ni le niveau ni vraiment les compétences. Les pourcentages sont fixés d’avance et les sujets et notations établis en fonction, notamment dans l’enseignement technologique (déjà largement à l’écrit et encore plus à l’oral dit de rattrapage). Dans certains cas, certaines académies en fait, si de telles pratiques n’avaient pas lieu, le pourcentage de réussite, au vu notamment de l’illettrisme bien réel des candidats, tomberait à 30% au lieu des 80 requis et des 65-70 obtenus, ce qui ne serait politiquement pas admissible. Le but n’est donc pas d’évaluer l’acquisition de savoirs mais bien de sacrifier à une approche purement quantitative (pourcentage de réussite). L’approche par compétences, pratiquée depuis quelques années et qui fera l’objet d’une chronique ultérieure, est entièrement construite en ce sens, ce qui n’empêche d’ailleurs pas les inspecteurs, en plus, de faire remonter encore les notes après correction.
Paradoxalement à cette perte de sens, le bac devient un vrai marché, comme le montrent aussi bien les propositions du journal Le Monde avec, au milieu de force publicités, conseils, documents et autres quizz dont on peut douter de la réelle utilité ‘(« It’s all good, au moins pour le bac 2013 » souligne le journal avec réalisme à côté de ses offres).

France Inter, dans l’émission 7-9 du mardi 21 mai proposait également un reportage sur les nouvelles offres d’applications téléchargeables sur tablettes et autres smartphones. Toujours à base de quizz. C’est ce que souligne un des témoins interrogé. Questions pour un champion adapté à un nouveau marché ? A quel coût, pour quelle réelle utilité et pour quelle signification ? Mais néo libéralisme et questionnement ne font pas bon ménage. Et puis, ne trouve-t-on pas, maintenant, des quizz (pardon ! des QCM) au bac, même en maths ?

A quand la suppression du bac ? La tarte à la crème du contrôle continu ne cesse de surgir et, de fait, ce type d’évaluation apparait de plus en plus pour le bac. On peut s’attendre à ce que, dans quelques années pas si lointaines, il soit définitivement mis en place. Mais examen terminal et national, ou contrôle continu, national ou décentralisé (donc avec perte d’une valeur générale et donc inéquitable du fait de l’inégalité des établissements), le douloureux problème de fond de la profonde inégalité scolaire, de l’illettrisme, de la signification de l’évaluation et du type d’évaluation dans un système donné, et donc du sens de l’école, si sens actuellement il peut encore y avoir, restera posé.

« L’exemple des bacs pros. En France, un contrôle en cours de formation (CCF) existe depuis longtemps pour les baccalauréats professionnels. Le Snuep-FSU, le Syndicat national unitaire de l’enseignement professionnel, en a profité pour redemander un bilan de la mise en place du CCF, dans une enquête lancée auprès des enseignant(e)s concerné(e)s pour connaître leur avis sur ce mode de certification. Selon le Snuep-FSU, 1 400 professeurs de lycée professionnel ont déjà répondu. Quelques tendances se dégagent et pas des moindres : 78 % considèrent que le CCF est une régression dans les modalités d’évaluation et 79 % qu’il permet d’augmenter les notes des élèves à l’examen. » (in « La Toile de l’éducation : Contrôle continu au bac : l’idée refait surface » – LeMonde.fr -Lettre de l’Education – mer. 20/06/2012).

Petits mensonges entre amis
Quant aux résultats du bac, ce serait plutôt petits mensonges entre amis. Si le roman d’Arto Paasilina “Petits suicides entre amis” traite du tragique de la vie par le comique de situations plutôt délirantes, alors la référence est bonne lorsqu’il est question des résultats du bac, notamment dans certaines filières et/ou certaines académies. Un des aspects, et non le moindre, qui donne au bac sa signification réelle de rite magique d’admission sociale, loin de ce qu’il était au départ comme premier examen d’entrée à l’université, est le battage médiatique de cette hystérie tragi-comique qu’est la cérémonie de l’affichage des résultats.

Le Gypaète barbu

 

 

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