Clémentines mandarines et consorts …


A Hong Kong, les mandariniers nains envahissent les trottoirs avant le Nouvel an chinois. (Source)

Clémentines mandarines et consorts … Il y a justement celles qu’on sort (les clémentines) et celles qu’on délaisse (les mandarines). Les pépins ne sont plus, depuis longtemps, admissibles. Pensez-donc, à quelques uns par quartier ….

Séquence nostalgie

Ah ces veillées de Noël enfant, lorsque, tout pépin craché, la mandarine dont la peau avait été consciencieusement découpée, devenue ainsi  lampe à huile, diffusait une douce lumière vacillante et ce merveilleux parfum de limonène, d’α-terpinène et de terpinolène dont on a oublié la délicatesse. Les clémentines n’ont jamais pu remplacer la mandarine. Elles n’offrent pas les mêmes mèches,  l’huile ne montant pas, et ne sentent pas aussi bon. Tant pis !

Clémentines et mandarines : un marché juteux.

Mandarines et clémentines font plus que concurrencer l’orange, puisqu’elles en occupent actuellement plus que largement le marché. Et pourtant, selon bien des légendes auxquelles les enfants gâtés de tout ne croient vraiment pas, cette dernière pouvait être autrefois un seul beau et cadeau de Noël ! Mais la peau des oranges était trop épaisse et trop difficile à peler ! Et, parfois, on y trouvait des pépins !

La mandarine est un fruit originaire du nord-est de l’Inde, de la Chine et du Japon. Le fils du Ciel lui aurait donné ses lettres de noblesse. Introduite en Europe au XVIIème siècle, elle est cultivée dans les régions tempérées, donc dans les pays méditerranéens, notamment  l’Italie. On la trouve sur les marchés plutôt en janvier février, même si la saison peut commencer plus tôt.

La clémentine doit son nom au frère Clément, des Frères de Notre Dame de l’Association, chef de culture d’un orphelinat près d’Oran. En fait, le croisement en 1892 entre un mandarinier et un oranger d’orange douce (et non d’oranger bigaradier comme dit souvent) était le fait, outre du frère Clément, d’un autre botaniste Louis Charles Trabut. Le nom de clémentine a été donné en hommage à frère Clément.

C’est surtout elle qu’on trouve sur les marchés, et dès le mois de novembre.

En fait il en existe de nombreuses variétés qui se sont imposées aux dépens de la mandarine et, surtout de l’orange, même si parler de la mandarine est faux tant il en existe de variétés. La principale raison avancée au départ de cette suprématie a été l’élimination de pépins que le consommateur était censé trop lassé de devoir les cracher. Il fallait surtout des cultivars (variété de plante cultivée de manière intensive, en général sur des porte greffes) très productifs, avec une bonne teneur en jus et en sucre, et des arbres résistants aux maladies et aux conditions climatiques. Comme si la teneur en sucre ou le brillant de la couleur, éventuellement de celle des feuilles, était le garant du plaisir gustatif ! En fait, le but a toujours été une augmentation de la production, de la capacité de résistance au transport  et donc de la rentabilité. Théoriquement, dans les discours, l’hybridation est censée répondre à la demande du consommateur en termes de qualité (arômes compris). Ah ! Cher consommateur. Si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer !

Comme tout fruit, le vrai plaisir serait de les consommer à maturité sur l’arbre. Malheureusement, il n’y a de mandariniers ni à Paris, ni à Lille, ni à Brest, ni à Strasbourg. Il n’en est pas moins qu’il est quand même possible de trouver sur le marché des fruits goûteux, à partir desquels il est possible de mettre en œuvres quelques recettes intéressantes, même aussi simples qu’un salade de clémentine et orange au sirop vanillé. Il faut simplement sélectionner ses fournisseurs et un peu d’exigence.

La clémentine est surtout cultivée en Espagne, au Maroc et en Corse. La grande mode est aux clémentines avec feuilles. Cela fait plus beau. et n’a-t-on pas l’impression de l’avoir cueillie sur l’arbre et de la manger toute fraîche ? Il en existe de nombreuses variétés, en fonction des différentes périodes de l’hiver, de l’Oronules, à la Nadorcott, en passant par  les Nules, Berkane, Fine de Corse, ou autres Nour que tout consommateur averti connait parfaitement, n’est-ce-pas ?

Mais on trouve aussi maintenant d’autres variétés : la tangerine, hybride ou variété de mandarine à peau fine et lisse suivant les sources, à peau fine et se séparant facilement de la pulpe, renfermant peu de pépins (aucun effort donc pour la déguster !) ; le tangelo, croisement de tangerine et de pomelo, la clémenvilla, issue d’un croisement entre clémentine et tangelo, toute variété dont chacun peut se faire sa propre idée de leur intérêt.

En janvier février, il arrive qu’on trouve encore parfois des mandarines venant d’Italie, parfumées à souhait et faisant de jolies lampes à huile. Mais, bien sûr, il faut cracher les pépins !

Les recettes :

Crêpe au beurre de mandarine

Pâte à crêpe :
Ingrédients : 100g de farine, ¼ de litre de lait entier, 2 œufs entiers, 10g de beurre, une cuillérée à soupe d’eau de fleur d’oranger, quelques graines de cardamome, une pincée de sel fin
Dans un cul de poule ou un saladier, mettre la farine tamisée ; lui incorporer les graines de cardamome légèrement écrasées pour les plus grosses, les œufs et le sel ; délayer la pâte avec le lait. Rajouter le beurre fondu et bien mélanger. Laisser reposer deux heures à température ambiante. Avant emploi, remuer et étendre la pâte avec une à deux cuillérées à soupe d’eau.

Beurre de mandarine :
A 60 g de beurre, ajouter  le jus et le zeste d’une ou deux mandarines (suivant grosseur). Ajouter 40 g de sucre. Manier de façon à obtenir une pâte assez souple et bien homogène.

Jus parfumé d’orange :
Presser deux oranges à jus. Verser la moitié du jus dans une casserole. Ajouter 40g de sucre. Amener à ébullition de façon à obtenir un sirop très léger. Rajouter alors le reste du jus. Lier avec une cuillérée à café de fécule de maïs. On peut parfumer aussi ce jus avec de la vanille. On peut aussi remplacer le jus d’orange par un jus de litchee (les fruits étant au préalable mixés et passés au chinois.

Dressage :
Au moment de servir disposer une cuillérée à café de beurre de mandarine sur la crêpe chaude et plier la crêpe en quatre. On peut aussi disposer la crêpe sur une assiette à dessert, dans la quelle on dispose également un parfum d’orange ou de litchee.

Gâteau à la mandarine

Ce gâteau est monté à base de génoise, de mousse à la mandarine et de quartiers de mandarines pochées au gingembre.

Pâte à génoise
Ingrédients : 150g de farine, 140g de sucre en poudre, 4 œufs entiers, 40g de beurre.
Préparation :
Faire fondre le beurre juste de façon à ce qu’il soit un peu moussant. Le réserver tiède. Dans un cul de poule, casser les œufs et verser le sucre. Mettre le cul de poule dans un bain-marie frémissant et battre le mélange jusqu’à épaississement (le mélange doit doubler voire tripler de volume). Retirer alors du bain-marie et continuer à battre jusqu’à refroidissement. Mélanger une cuillerée à soupe dans le beurre fondu. Ajouter la farine en pluie à l’appareil du cul de poule. Mélanger délicatement à l’aide d’une maryse. Finir en ajoutant le beurre.
Cuisson :
Mettre la pâte dans un moule rond. Cuire 20 mn à 190°C en chaleur tournante.

Mousse à la mandarine
Ingrédients : 4 mandarines, 5 feuilles de gélatine, 2 œufs, 110g de sucre,, 25 cl de crème
Préparation :
Meringue italienne : battre à la neige très ferme les blancs des œufs ; mettre dans une casserole le sucre et 2 cl d’eau ; amener au sirop grand boulé (le doigt trempé dans l’eau froide puis dans le sirop puis, immédiatement dans l’eau froide, le sucre doit faire une boule relativement grande – attention aux brûlures : le coup de doigt est nécessaire !) ; mélanger aux blancs en fouettant vivement ( le sirop cuit les blancs). Réserver au froid.
Crème fouettée : Mettre la crème dans un cul de poule préalablement refroidi ou posé sur glace ; la fouetter  jusqu’au stade bec de canard en rajoutant à la fin, éventuellement, un peu de sucre glace.
Mousse : prélever quelques zestes de mandarine, les peler, passer les pulpes au mixer et passer au chinois. Mettre la gélatine à ramollir et l’ajouter ensuite à un peu de pulpe de mandarine qu’on aura fait chauffer au préalable. Reverser le tout dans le jus de mandarine et fouetter vivement. Rajouter délicatement à la maryse la meringue italienne puis la crème fouettée.

Montage du gâteau :
Couper en deux la génoise et prélever la partie supérieure qu’on aura soin de garder assez fine. Remettre la partie basse au fond du moule (dont les bords auront été graissés préalablement). Recouvrir de la mousse à la mandarine (bien refroidie). Disposer la deuxième partie de la génoise.

Décoration :
Etaler au pinceau une gelée de mandarine sur le sommet du gâteau (un décilitre de jus de mandarine épaissi avec une feuille de gélatine). Recouvrir l’ensemble de quartiers de mandarine qu’on aura au préalable poché dans un sirop au gingembre (ne pocher que quelques minutes de façon à ce que les quartiers gardent leur forme et ne se rétractent pas).
Mettre au froid. Démouler au moment de servir.
On peut également garnir les côtés du moule avec de petits rectangles de faible épaisseur de génoise. La pâte doit alors être cuite spécialement en faible épaisseur et pas trop longtemps de façon à rester suffisamment souple.

Pierre-Marie Théveniaud

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Notre fruit de novembre : le coing, bonne pâte

Il fut un temps où le coing n’était connu que sous forme de gelée ou de pâte. Mais le coing, et son arbre le cognassier, ont beaucoup d’autres cordes à leurs arcs. Ainsi l’arbre porteur, le cognassier à fruits à ne pas confondre avec des cognassiers décoratifs comme le cognassier du Japon, sert de porte greffe pour des poiriers, notamment pour la passe-crassane. Par ailleurs, le coing, dont le fruit est consommé depuis la plus haute antiquité (cultivé depuis plus de 4000 ans), peut être consommé de très diverses manières : soit en fruit, sous forme de tarte ou en fruit poêlé dans un dessert à l’assiette, soit comme légume d’accompagnement, du fait de son acidité ou de sa capacité à intégrer des plats aigre-doux. On le rencontre d’ailleurs fréquemment dans la cuisine orientale. Son parfum exceptionnel lorsqu’il est bien mûr en fait un fruit remarquable.
Il se cueille en octobre et en novembre. Il ne peut mûrir que sur l’arbre. Il ne peut donc se cueillir vert et se vendre vert. Il n’est, notamment de ce fait, pas toujours facile d’en trouver dans le commerce. Par contre il se conserve très bien et longtemps dans un endroit frais. Le coing reste donc un fruit assez méconnu du grand public.

Bourré comme un coing
L’expression a sans doute comme origine la rondeur du fruit et renvoie à d’autres expressions du même genre (complètement rond, rond comme une queue de pelle, etc.). Mais en nos temps de sévérité morale et de prohibitions de toutes sortes, verrait-on encore ceci dans une émission aussi célèbre et reconnue que celle de Bernard Pivot (Apostrophe – 22 septembre 1978)

Le coing comme aliment
Le grand intérêt du coing est sa faible valeur énergétique (28 Kcal pour 100 g). Il contient peu de glucides, très peu de protéines et pas de lipides. Il est assez riche en minéraux et en vitamines. Mais son intérêt réside surtout dans les fibres qu’il apporte, surtout des pectines (d’où la gelée de coing). Le coing ne peut se manger cru. Il perd donc ses minéraux et vitamines dans le jus de cuisson. Mais ce jus peut être utilisé pour faire de la gelée ou un jus d’accompagnement dans les plats salés.
Le coing comme remède
Le coing, dont certains s’attachent à penser qu’il était la pomme d’or du jardin des Hespérides, aurait, confit au miel, calmé les pleurs et les agitations du jeune Zeus.
L’astringence du coing due à ses tanins, ainsi que celles dues à ses fibres (pectines) sont les principales propriétés de ce fruit en médecine Hippocratique. Les vertus étaient nombreuses : surtout digestives et antitoxiques (remède favorisant la digestion, soignant les diarrhées, les entérites, antidote contre les poisons, remède contre la toux et autres pharyngite ou laryngite, contre les brûlures, les engelures, les gerçures des lèvres et … les hémorroïdes, grâce à une décoction faite avec le mucilage entourant les graines.
Pline écrivait déjà (PLINE L’ANCIEN -HISTOIRE NATURELLE, TOME SECOND. LIVRE XXIII – Traduction française : É. LITTRÉ ) :

« Cuits ou crus, on les applique en forme de cérat dans les douleurs d’estomac. Le duvet qui les couvre guérit les anthrax. Cuits dans du vin et appliqués avec de la cire, les coings rendent les cheveux aux têtes chauves. Ceux que l’on confit crus dans du miel sont laxatifs; ils ajoutent beaucoup à la suavité du miel, et le rendent meilleur à l’estomac. Quant à ceux que l’on confit cuits dans du miel, quelques-uns les font piler avec des feuilles de roses bouillies, et les donnent pour aliment dans les maladies de l’estomac.
Le suc des coings crus est bon pour la rate, pour l’orthopnée, pour l’hydropisie ainsi que pour les affections des mamelles, pour les condylomes et les varices. Les fleurs fraîches ou séchées s’emploient dans les ophtalmies, les hémoptysies et les pertes. En les pilant avec du vin doux, on en fait un suc adoucissant, qui est avantageux dans le flux céliaque et dans les affections du foie. Avec la décoction de ces fleurs on fait des fomentations dans les chutes de la matrice et du rectum. On tire des coings une huile que nous avons appelée mélinum (XIII, 2, 6): pour cela il faut qu’ils ne soient pas venus dans des lieux humides, ce qui fait qu’on estime le plus ceux de la Sicile. Le coing struthie, quoique très voisin des précédents, est moins bon. On trace sur le sol, autour de la racine de ce cognassier, un cercle avec la main gauche, et on l’arrache en la nommant, et en disant pour qui on l’arrache : portée en amulette, elle guérit les écrouelles. »

Panurge et le coing

Quant à Panurge, il s’écrie
– « Mangez un peu de ce pasté de coins : ilz ferment proprement l’orifice du ventricule a cause de quelque stypticité joyeuse qui est en eulx, et aydent a la concoction première »
– « Mangez un peu de ce pâté de coings : ces fruits ferment comme il faut l’orifice du ventricule grâce à quelque heureuse propriété astringente qu’ils possèdent, et aident à la première digestion.
Rabelais Tiers Livre chapitre 32
Rabelais Œuvres complètes en français ancien et moderne. Seuil

Hildegarde de Bingen (1098-1179), très célèbre diététicienne de son époque, dit ceci du coing :

«Le cognassier est plus froid: il est assimilé à la ruse, qui est tantôt utile, tantôt inutile; mais ses feuilles et son bois ne sont pas très utiles pour l’usage de l’homme; son fruit est chaud et sec, il a un bon tempérament, et, quand il est mûr, mangé cru, il ne fait de mal ni aux malades ni aux bien-portants. Cuit ou grillé, il est très bon à manger pour les bien-portants et pour les malades. De fait, celui qui est attaqué par la goutte doit souvent manger de ce fruit, cuit ou grillé; ainsi la goutte s’apaise en lui, si bien qu’elle ne blesse pas ses sens et n’abîme pas ses membres.
Celui qui crache beaucoup de salive mangera souvent de son fruit, cuit ou grillé: il asséchera l’intérieur de son organisme, de sorte que la salive diminuera en lui. Lorsque, chez un homme, se trouvent des ulcères ou de la fétidité, il devra faire cuire ou griller ce même fruit, le placer sur les plaies avec d’autres condiments, et il guérira. »

Le coing comme placebo cosmétique

Sainte Hildegarde  joue encore aujourd’hui un rôle important, essentiellement marketing, servant à tout, notamment pour des firmes de produits cosmétiques  qui s’en réfèrent, dans une approche à la limite de l’escroquerie, entre autres pour leurs produits à base de coing. C’est le cas par exemple, de cette Crème de Jour au Coing  du Dr.X : « soin de jour rafraîchissant et protecteur. Il convient à tous les aspects de la peau, à l’exception des peaux grasses et impures. » (sic !) Et donc, précision :
« La Crème de Jour au Coing du Dr X ne convient pas aux peaux grasses et sujettes aux imperfections. »  (resic !) A qui sert-elle donc ? A l’homme parfait voulu par les transhumanistes ? D’ailleurs, dans la liste des substances actives et de leurs propriétés, rien n’apparaît concernant le coing !

La pâte et de la gelée de coing

Les recettes les plus connues sont les recettes de gelée et de pâte de coing. Il est intéressant d’en consulter les recettes anciennes, comme celle de la pâte de coing du célèbre livre de recette de La Tante Marie dans son édition de 1947, ou encore la recette de la gelée de coing (cotignac) d’Urbain Dubois en 1818  :

Choisissez des coings murs, jaunes, odorants ; divisez-les en quartiers, pelez-les, émincez-les et mettez-les dans une casserole bien étamée.

Mouillez juste à  hauteur avec de l’eau ; couvrez et cuisez sur feu modéré jusqu’à ce qu’ils soient bien atteints.

Jetez-les alors sur un tamis pour recueillir le liquide ; passez-le ensuite à la chausse ou à la serviette.

Pour chaque litre de suc, prenez 750g de sucre en morceaux ; cuisez la gelée dans une bassine, à feu vif, jusqu’au degré de la nappe. – Terminez comme pour la gelée de pommes. (Au denier moment ajoutez à la gelée quelques gouttes de carmin végétal, afin de lui donner une plus belle nuance. Enfermez-la dans des   verres ou bocaux.)

Recette salée

Échine de porc confit aux coings et au cumin.

Peler un coing par personne et enlever le cœur. Blanchir une dizaine de minutes. Réserver 3 quartiers par personne. Laisser les quartiers restants bouillir 30 mn. Passer l’eau ainsi obtenue au chinois en pressant également le fruit. Réserver.
Découper en gros parallélépipèdes rectangles (environ 10 cm de long  sur5 de large sur et 4 d’épaisseur) des morceaux d’échine de porc (1 par personne). Les frotter au cumin et à l’huile d’olive pour bien faire pénétrer l’arôme de l’épice. Les faire revenir à feu vif dans une cocotte. Rajouter un peu de cumin et déglacer avec l’eau de coing. Laisser cuire ¾ d’heure à feu modéré. En milieu de cuisson, retourner les morceaux de viande. Vérifier régulièrement le fond de cuisson et ajouter de l’eau de coing si nécessaire.
Pendant la cuisson de la viande, dans une sauteuse (ou une casserole), faire revenir les coings dans un peu de beurre et de miel d’acacia jusqu’à légère coloration. Déglacer avec un peu d’eau de coing. Laisser cuire environ 15 mn.
Dressage :
Sur une assiette chaude, verser un peu de jus de cuisson et dresser un morceau de viande dans sa longueur. En haut de l’assiette, dresser en étoile les trois morceaux de coings. Au pinceau, faire briller la face supérieure de la viande avec le jus de cuisson. Disperser dans l’assiette quelques graines de cumin et disposer un brin de coriandre sur la face supérieure de la viande. Servir aussitôt.

Recettes sucrées
Tartelettes aux coings miellés

(Préparation pour un moule de 30 cm de diamètre ou 6 tartelettes)
Ingrédients :
Pour la pâte à foncer :
– 250 g de farine
– 180 g de beurre
– 50 ml de lait entier
– 1 jaune d’œuf
– une petite cuillerée à café de sel et une de sucre
– anis vert
Pour la garniture :
– 400g de compote de pommes agrémentée de gingembre
– un demi coing par tartelette (suivant taille)

Préparation  de la pâte à foncer (15 mn) :
Dans un cul-de-poule ramollir le beurre avec une spatule jusqu’à l’obtention d’une crème. Ajouter le sel, le sucre, l’anis vert, le jaune d’œuf et le lait et mélanger dans l’ordre jusqu’à homogénéisation de la préparation. Incorporer petit à petit la farine sans cesser de remuer. Lorsque la pâte est homogène (fait la boule), cesser de malaxer et envelopper dans un film plastique.
Réserver au frais au moins deux heures.
Montage et cuisson de la tarte :
Laisser revenir la pâte à température ambiante et l’étaler au rouleau afin de foncer les  moules à tartelette. Saupoudrer d’un peu de sucre. Garnir chaque tartelette d’une petite couche de compote de pomme agrémentée de gingembre. Couper les coings en lamelles épaisses (environ 2 cm) et les disposer en couronne sur la pâte. Mieller la surface au pinceau.  Cuire 30 mn à 180°C.

Coings miellés au jus d’hibiscus

Jus d’hibiscus
Préparer ce jus par infusion de fleurs d’hibiscus. Le lier avec un peu de farine de maïs. Faire refroidir. (Ce jus peut être préparé à l’avance.)
Préparation des palets :
Bien mélanger deux jaunes d’œuf pour 130g de sucre et deux cuillérées de fleur d’oranger (proportions pour 4 personnes). Ajouter 140g de farine puis les blancs d’œufs battus en neige très ferme. A l’aide d’une poche à douille déposer sur une plaque de cuisson des palets d’environ 4 cm de diamètre. Faire cuire à 200°C jusqu’à coloration.
Glace à la verveine :
Préparer un crème anglaise avec une infusion de verveine citron dans la préparation lait crème. Laisser refroidir et mettre en sorbetière.
Peler les coings et les  détailler en six tranches (trois par demi-coing pour un demi-coing par personne. Les blanchir 15 mn. Puis les poêler dans un mélange de beurre et de miel d’acacia jusqu’à cuisson et belle caramélisation. Les coings doivent être servis tièdes.
Dressage :
Sur chaque assiette disposer en éventail trois quartiers de coings miellés tièdes, un palet, un peu de jus d’hibiscus et une boule de glace à la verveine. On peut décorer également d’une petite feuille de verveine citron.

Pierre-Marie Théveniaud

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Le fruit du mois d’octobre : La poire sous toutes ses formes

Musique = Eric Satie : Trois morceaux en forme de poire. Interprète Aldo Ciccolini

Ah ! ces souvenirs où, encore enfant et presqu’adolescent, on allait cueillir les poires oranges directement sur l’arbre au milieu de dizaines de frelons qui semblaient en apprécier le goût encore plus que nous. Quels arômes et, surtout, quelle texture et quel sucré à maturité !

Un peu d’histoire

La poire nous viendrait du Cachemire. Importée il y a fort longtemps dans nos pays européens, elle était connue en Grèce antique sans être beaucoup consommée. Elle a surtout été développée à Rome. De Caton à Pline, le nombre de variétés aurait été multiplié par 10. Le plus souvent cité est Pline l’ancien dans son Histoire Naturelle :

« Toutes les poires, en aliment, sont pesantes même pour les personnes bien portantes : on les défend, comme le vin, aux malades; mais cuites elles sont merveilleusement salutaires et agréables, surtout celles de Crustuminum. Toutes les poires cuites avec du miel sont bonnes à l’estomac. On en fait des cataplasmes résolutifs. On se sert de leur décoction pour résoudre les duretés. Les poires mêmes sont efficaces contre les bolets et les champignons; elles les précipitent, tant par leur poids que par la vertu neutralisante de leur suc. La poire sauvage mûrit très tardivement. Coupée par quartiers et séchée à l’air, on l’emploie pour arrêter le flux de ventre, effet que la décoction produit aussi ; pour le même usage on fait cuire les feuilles avec le fruit. La cendre du poirier est efficace contre les champignons. Une charge, même petite, de pommes ou de poires est un fardeau singulièrement fatigant pour les bêtes de somme (XXIV, 1); le remède est, dit-on, de leur en faire manger ou seulement de leur en montrer quelques-unes avant de les charger. »
Pline l’ancien – Histoire Naturelle. Tome 2. LIVRE XXIII Traduction française : É. Littré.

 

Apicius, 25 av JC, propose dans son De Re Coquinaria, une recette de patina de poires partout citée sur la toile. (La patina était un flan sucré ou salé à base de préparations diverses mélangées à des œufs battus.)

Le Moyen-âge n’a pas connu plus de variétés que Rome. On raconte que Louis XI n’a même pas pu goûter à la poire du Bon Chrétien, ancêtre de notre William, qu’il désirait si fort ; Monseigneur le Dauphin, enfant mais futur Charles VII, les ayant dévoré vertes sur le seul poirier qui avait été offert à Louis XI pour son verger personnel, juste avant sa mort, ce mois d’août 1483 !
Aujourd’hui on en compte plus de 1500 variétés, couvrant une large saison de l’été à l’hiver. Mais le consommateur de base n’en a accès qu’au nombre restreint d’une toute petite dizaine : William verte ou rouge, Guyot, Conférence, Comice, Passe Crassane et, mais pas toujours, Louise Bonne et Beurré Hardy.

Quand la poire devient caricaturale

Comme beaucoup de fruits, la poire n’échappe pas à sa valeur symbolique. La langue française regorge d’expressions qui l’utilisent : être une bonne poire, faire le poirier, garder une poire pour la soif et autres … se sucer la poire. Le poire renvoie le plus souvent au visage et c’est à ce titre qu’elle a toujours fait les beaux jours des caricaturistes. La dernière caricature en date de ce genre s’étale en couverture du numéro d’août 2012 de Courrier international.


Mais l’idée n’est pas nouvelle. Charles Philipon, directeur du journal La Caricature passa en procès en 1831. Pour ce défendre à l’audience, il présenta alors un portrait évolutif de Louis Philippe dont le dernier était une poire. Le même dessin fut repris par Daumier. Le Charivari, dont Charles Philipon était aussi le directeur, repris la même technique : contraint de publier le verdict du procès, le journal en publia le texte en couverture, mais en lui donnant une forme de poire.

Un consommateur abandonné

A part quelques commerces et à moins de posséder haies ou vergers, le temps de la poire goûteuse a bien disparu pour le commun d’entre nous au vu de ce qui est aujourd’hui proposé en grande distribution, et presqu’autant sur les marchés : fruits verts, durs, parfois très chers, mais surtout sans aucun intérêt aromatique. C’est aussi malheureusement le cas de beaucoup d’autres fruits actuellement, circuits longs, rentabilité de la production et, surtout, grande distribution obligeant. Le cas de la William rouge est caractéristique. Cette poire, si goûteuse au départ, a subi le même sort que la pêche de vigne et a servi d’exemple à la pêche plate : mise sur le marché en production intensive, elle a perdu tout ce qui faisait son originalité de texture et de parfum. Il est devenu impossible de faire un bon sorbet poire de qualité (une bonne William rouge donnait un résultat remarquable). Et pourtant….

Quelques recettes :

Tarte aux poires, anis, cédrat et pistache

Préparation pour un moule de 30 cm de diamètre (8 à 10 personnes)
Ingrédients :
 Pour la pâte à foncer :
– 320 g de farine
– 220 g de beurre
– 60 ml de lait entier
– 1 jaune d’œuf
– une petite cuillérée à café de sel et une de sucre
– anis vert
Pour le flan :
– 50 ml de lait entier
– 200 ml de crème
– 60 g de sucre
– 2 œufs
– 50 ml d’alcool de cédrat
Pour la décoration finale :
pistaches grillées à la poêle et concassées (deux cuillerées à soupe environ)
Préparation  de la pâte à foncer (15 mn) :
Dans un cul-de-poule ramollir le beurre avec un spatule jusqu’à l’obtention d’une crème. Ajouter le sel, le sucre, l’anis vert, le jaune d’œuf et le lait et mélanger jusqu’à homogénéisation de la préparation. Incorporer petit à petit la farine sans cesser de remuer. Lorsque la pâte est homogène (fait la boule), cesser de malaxer et envelopper dans un film plastique.
Réserver au frais au moins deux heures.
Montage et cuisson de la tarte :
Laisser revenir la pâte à température ambiante et l’étaler au rouleau afin de foncer le moule. Saupoudrer d’un peu de sucre. Couper les poires en deux et les disposer en deux couronnes concentriques sur la pâte. Garnir les interstices entre les demi-poires par quelques petits morceaux.
Cuire 20 mn à 180°C.
Pendant la première cuisson, préparer le flan en mélangeant les ingrédients.
Au bout de 20 mn, sortir la tarte du four, ajouter le flan en soulevant légèrement les demi poires pour laisser le flan s’écouler en dessous. Remettre à cuire 20 mn.
10 mn avant la fin de la cuisson, parsemer plus ou moins régulièrement les pistaches grillées et terminer la cuisson.
Note : Si le flan n’est pas assez coloré, on peut rapidement le passer sous le grill.
Si on ne dispose pas d’alcool de cédrat, on peut utiliser de la liqueur de gratte-cul ou incorporer dans la pâte quelques graines de cardamome et incorporer l’anis vert dans le flan.

 

Poires au vin

La cuisson des poires dans du vin est très ancienne. Ainsi le Thrésor de Santé publié à Lyon en 1607 non seulement recommandait, pour une question de santé,  de boire un « bon verre de vin vieux » après avoir mangé une poire, « comme elles sont fort venteuses », mais affirmait qu’elles devenaient « bonnes et profitables cuites en bon vin rouge, lardées de clous de girofle , sucre et cannelle et servies avec force beurre frais , fromage gras sur le réchaud, sucre dessus »

Poires au vin avec sorbet noix, basilic et fond de brioche grillée.
(dessert à l’assiette)

Ingrédients : une poire Louise Bonne par personne, crème anglaise aux noix, une tranche de brioche par personne.
Cuisson des poires :
Verser dans une casserole trois-quarts de bouteille d’un bourgogne passetoutgrain ou d’un petit bourgogne pinot noir, ajouter un verre d’une bonne liqueur de cassis de Dijon, 75 grammes de sucre et les épices (1 clou de girofle, un bâton de cannelle, quelques grains de cardamome, deux fleurs de badiane, poivre en grain ou quelques grains de poivre de Sichuan). Laisser bouillir quelques 5 minutes. Perler les poires (une Louise Bonne par personne) de façon à laisser la queue entière. Mettre les poires à cuire de 20 à 30 minutes. Les retirer. Passer au chinois et faire réduire le sirop de vin jusqu’à léger épaississement.
Glace aux noix :
Faire chauffer dans une casserole 150 ml de lait et 250 ml de crème. Ajouter une vingtaine de noix décortiquées et grossièrement écrasées. Laisser cuire le tout à très petit feu, en décoction, jusqu’à coloration et prise de goût (gouter). Mixer le tout et passer au chinois. Battre 4 jaunes d’œufs avec 85 grammes de sucre. Ajouter la crème de noix ramenée à ébullition. Terminer cette crème anglaise. Laisser refroidir. Fouetter  alors 150 ml de crème fouettée jusqu’à texture ferme. Mélanger délicatement  jusqu’à homogénéité. Glacer en sorbetière.
Montage du dessert :
Découper en cercle de 5 à 6 centimètres, grâce à un emporte-pièce, une tranche de brioche par convive,. Faire griller ces tranches sur les deux faces.
Sur une assiette, disposer en éventail la poire tranchée en lamelles (ou une demi suivant la taille). Disposer une tranche de brioche. Verser avec délicatesse une cuillère de sirop de vin. Disposer une boule de glace aux noix sur la tranche de brioche encore tiède. Servir aussitôt. On peut aussi, pour donner un peu de couleur, disposer une feuille de basilic près des lamelles de poire.
Servir avec un verre de bon Banyuls vieux.

Pierre-Marie Théveniaud

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