Pour ne pas voter idiot (1) : le véritomètre

On connaissait le déconomètre, voici le véritomètre, une application, conçue et réalisée par i>TÉLÉ et OWNI. Elle permet de vérifier le discours politique des six principaux candidats (François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Sarkozy) durant la campagne présidentielle. Un classement permet de situer les champions de l’à peu près. Il est basé sur les notes obtenues au cours de la vérification de chacune de leurs citations. Ce classement est mis à jour en temps réel dès qu’une vérification journalistique est ajoutée.

Cette application ne vise pas l’exhaustivité. Sont vérifiées les interventions des candidats dans les grands rendez-vous médiatiques ainsi que leurs principaux discours. Certaines interventions ne contiennent parfois aucune citation pouvant être vérifiée : elles ne sont alors pas intégrées dans l’application.

Mais le dire vrai – nos félicitations à Eva Joly – ne se traduit pas forcément dans les intentions de vote.

Évidemment,  ne peut se vérifier que ce qui est vérifiable. Sur ce plan, l’application est utile et amusante. On peut y participer. Elle témoigne de potentialités démocratiques dans l’utilisation de nouvelles technologies. Cependant la droite en perte de vitesse n’agit pas et de moins en moins probablement sur le terrain du vérifiable mais sur celui de l’idéologie. Elle entraîne la campagne dans des marécages de plus en plus nauséabonds. Tâchons d’ailleurs aussi de nous souvenir de cela et de ceux qui, comme la Gauche moderne et autres groupuscules pseudo centristes qu’il n’est plus très intéressant de nommer, font semblant de n’avoir rien entendu dans l’espoir d’un marocain. Les législatives suivront.

Le flou des promesses est plus difficile à appréhender à l’aide d’une simplification  instrumentale. Il faut continuer de lire et de s’informer. Par exemple, voici ce que dit Jacques Attali, ancien conseiller de François Mitterrand et soutien de François Hollande à propos de la taxation des riches :

 « La proposition de François Hollande de taxer à 75% la part des revenus personnels dépassant 1 million d’euros annuels par foyer fiscal est à la fois totalement impraticable et extrêmement utile ».

Quand il faut faire contribuer les riches, c’est toujours impraticable. Autrement dit, cela ne se fera pas.  Mais pourquoi est-ce utile ? La réponse d’Attali :  pour nous préparer à des « mesures brutales ».

 « [Elle] extrêmement utile, aussi, parce que cette proposition révèle que, en raison de l’extrême gravité de la situation des finances publiques françaises, tout le monde devra être massivement mis à contribution ».

Nous voilà prévenus.

C’était le premier volet de notre série Pour ne pas voter idiot : le véritomètre

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Danse avec les ombres

Danse avec les ombres. On y voit le grand Fred Astaire en  Bojangles of Harlem danser avec puis danser contre ses ombres au point de parvenir à les chasser et de finir par danser seul. Comme une métaphore du travail contre ses propres fantômes. Un remède contre la morosité.

Dans cet extrait du film Swing Time de 1936  intitulé Bojangles of HarlemFred Astaire rend hommage au danseur noir Bill Bojangle Robinson.  Swing Time  n’est sans doute pas le plus grand film de Fred Astaire et de Ginger Rogers mais ce passage est un morceau d’anthologie.

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Pour le gouvernement, la catastrophe de Fukushima ne s’est jamais produite…

1. Le rapport Energies 2050 interdit les choix politiques des Français

Certaines des recommandations du rapport « ENERGIES 2050 » commandé par le ministre de l’Industrie jette une lumière crue sur ses objectifs. Ils visent purement et simplement à interdire à la politique des choix autres que ceux de l’industrie nucléaire. Il juge par avance les programmes politiques qui envisagent une sortie progressive.  La seule chose qui reste à la politique est de faire passer la pilule de l’augmentation des tarifs. Un tel degré de perversité technocratique est proprement stupéfiant !

Trois recommandations sur neuf concernent le diktat de la technocratie sur la politique :

Recommandation n° 3 : s’interdire toute fermeture administrative d’une centrale nucléaire qui n’aurait pas été décidée par l’exploitant à la suite des injonctions de l’autorité
Recommandation n° 4 : s’engager courageusement dans une politique de vérité (c’est-à-dire de hausse) des prix de l’énergie et des émissions de CO2, en traitant de façon spécifique et différente le cas de la précarité et celui des industries grosses consommatrices.
Recommandation n° 8 : ne pas se fixer aujourd’hui d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit, mais s’abstenir de compromettre l’avenir et pour cela maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement de la génération 4. La prolongation de la durée de vie du parc actuel nous paraît donc la solution de moindre regret (sous la condition absolue que cela soit autorisé par l’ASN).
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2. Une grossière tentative de manipulation

Mais avant même la publication de ce rapport, les services d’Eric Besson en tirait les conclusions.  Bernard Laponche, polytechnicien, docteur ès sciences et en économie de l’énergie, ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et Benjamin Dessus ingénieur et économiste qui avaient refusé de siéger dans la commission  dont ils jugeaient sa composition trop “pro-nucléaire” ont mis en évidence une grossière tentative de manipulation

Trois jours avant la présentation officielle du rapport de la Commission Energies 2050 mise en place le 11 octobre 2011 par le ministre de l’industrie Eric Besson, la publication par ses services d’un petit document de 7 pages intitulé Enseignements préliminaires du rapport « Energies 2050 » met en évidence la tentative de manipulation grossière de l’opinion mise en place par le Gouvernement avec l’aide (volontaire ou non) de la Commission Energies 2050. Ce petit document, joliment illustré d’arbres verts, réussit dans les 7 pages qui le composent à éviter les mots clés du débat énergétique engagé à l’occasion des présidentielles :
• Le mot de sûreté du parc nucléaire n’y apparaît jamais, alors que c’est évidemment un point majeur du débat. Manifestement, la catastrophe de Fukushima ne s’est jamais produite…
• Le mot d’économie d’électricité n’y figure pas non plus alors qu’il est une composante majeure des stratégies alternatives présentées par l’opposition à la stratégie de poursuite du nucléaire.
• Le mot de facture électrique pour l’usager n’y figure pas non plus, permettant ainsi de réduire le débat à la comparaison des coûts de production d’électricité (le coût du kWh) et « d’oublier » que la facture électrique est le produit d’un coût au kWh par une quantité d’électricité.

Ces éléments de « non langage » permettent à Eric Besson de réduire pratiquement la question de la transition énergétique à celle de la production d’électricité, au sein de laquelle il ne s’intéresse qu’au nucléaire, et de justifier le choix d’une prolongation de la durée de vie du parc actuel au nom de considérations économiques tronquées et au mépris total de considérations de sûreté et de sécurité nucléaires.

Global Chance avait dénoncé dès le 27 janvier dernier dans une analyse critique du rapport préliminaire de la Commission les prémisses d’une telle dérive en déclarant :

« Ce document est un exercice de médiocre qualité, biaisé par des erreurs factuelles, des non dits, des hypothèses implicites et des omissions majeures, sans aucune analyse de cohérence, ni aucun recul par rapport aux études analysées. Il distille ça et là des affirmations non étayées qui relèvent plus de partis pris ou d’opinions subjectives que de jugements objectifs. Cette complaisance et cette médiocrité méthodologique nuisent gravement aux conclusions qui sont ainsi suggérées, sinon proposées aux pouvoirs publics pour une politique énergétique à long terme de la France. »

Global Chance dénonce cette tentative de manipulation irresponsable de l’opinion, qui s’appuie sur les conclusions d’un rapport médiocre partial et bâclé.

Nos concitoyens sont en droit d’attendre un débat argumenté sur les questions énergétiques et non pas une « communication gouvernementale » partisane, gommant délibérément les préoccupations légitimes de sûreté nucléaire et de sécurité qu’ils expriment et les questions principales de la transition énergétique.

Source

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