Occupy le parc Steinbach

 

Faudra-t-il bientôt dire : il était une fois le parc Steinbach ? Même si le Maire de Mulhouse, Jean Rottner, s’en défend par de basses attaques, il ne fait pas grand-chose pour nous convaincre du contraire.

Il n’avait rien demandé pourtant, ce parc. Il vivait sa vie tranquille d’oasis de verdure en plein centre ville. Il était en bonne santé avec ses rondeurs et tout en flegme romantique. Or voilà que certains se sont avisés, Jean Rottner à leur tête, que la bonne santé n’est pas une raison suffisante pour éviter l’intervention chirurgicale. Une intervention massive.

Selon J.-P. REDURON, ingénieur horticole et botaniste, ancien Directeur du Service des Espaces Verts de Mulhouse, voici les arbres menacés par le projet – seuls en effet les arbres classés sont maintenus – :

• Grand Cyprès de Lawson devant le Théâtre, arbre multitronc au feuillage bleuté : qui gêne-t-il ? Il est pratiquement isolé (seulement associé à un beau pin noir) et non responsable de la trop grande densité du parc. On me répond qu’il gêne dans la perspective ! Mais il fait bonne figure devant le théâtre que l’on peut voir aussi en perspective. Faut-il couper un arbre remarque pour une perspective ? Triste condamnation. Il vaut mieux le mettre en valeur.
• Très bel if fastigié ayant atteint son effet optimum (le long de la rue Wicky). En isolé. Qui gêne-t-il ? Un fuseau élégant émeraude foncé. Respecte les formes arborées des anciennes cartes postales.
• Vieux genévrier (le long de la rue Wicky). ayant pris des formes étonnantes, contemporaines. Belle pièce à conserver pour une esthétique nouvelle, un clin d’œil au modernisme dans un square rénové dans le respect de son style…
• Cèdre (au fond de la pelouse centrale) : planté pour symboliser le Liban, à la demande d’une personnalité originaire de ce pays et venue s’investir à proximité. Son abattage renverse le symbole initial…
• Thuya d’Occident : qualité moyenne, mais cela ne motive pas une condamnation… On peut essayer de lui donner plus de vigueur.
• Savonnier. Même si l’arbre actuel n’est pas formidable (quoique : il a simplement poussé du côté opposé à la butte), cette essence bien adaptée aux climats continentaux et fleurissant en été (ce qui rare) devrait être diffusée au sein du parc.
• Hêtre pourpre. Planté en remplacement d’un très grand et très vieux sujet. Classique dans ces parcs romantiques. Incertitude sur son sort…
• Quel devenir pour les grands arbres (marronniers, érables) procurant une ombre agréable, situés juste à l’ouest de la place de jeux ? Sont-ils sacrifiés également ?
• etc.
• Enfin, l’historique Paulownia du Musée des Beaux-Arts. Grand âge. Devenu une sculpture végétale. L’assise est bonne, quoique ancienne par endroits. D’accord pour le remplacement par 4 arbres en carré, mais seulement après sa disparition naturelle (sauf risque de chute). Pourquoi le sacrifier dès à présent : respectons son âge vénérable !

Source 

Et tout cela pourquoi ? Pour que le Maire par défaut puisse laisser sa marque dans la ville ? Si c’était cela, il n’avait qu’à en créer un nouveau tout beau, tout postmoderne – la postdémocratie, nous l’avons déjà -et au lieu d’un parc défiguré par Jean Rottner on aurait eu pour la postérité un square Jean Rottner.

Les panneaux que l’on pouvait voir il y a quelques mois autour du parc Steinbach (cf notre image) ont disparu. Ne reste que celui-ci :

On a donc l’air de suggérer que l’on ne touche pas au parc à l’exception de son pourtour. Du moins pour l’instant. Or, à notre connaissance, il n’y a rien de changé au projet. On peut lire sur le site de la Ville de Mulhouse :

« Il est envisagé de réaménager cet espace vert afin de lui donner plus de transparence, de l’ouvrir vers son environnement »

Il s’agit  de dissoudre le parc, de l’ouvrir sur son environnement bref d’en accélérer le passage. Il faut aller plus vite et en ligne droite d’un commerce à l’autre, on n’est pas là pour flâner, souffler, prendre son temps, faire halte ce qui est la caractéristique même d’un parc ou d’un jardin public, ou encore d’un square.

Et puis il y a l’ombre, les recoins d’intimité et de cachette dont les voleurs d’ombre veulent nous priver. Rendre le parc Steinbach  transparent. Au « regard oblique des passants honnêtes » comme chantait Brassens à propos des amoureux sur les bancs publics ? Supprimer l’ombre, la nuit, l’obscur, c’est supprimer la vie. Quand bien même il y aurait de mauvaises fréquentations.

En bonne logique devrait suivre, après la mise en transparence du parc, l’installation dans un premier temps de caméras de surveillance chère à M. Paul Quin en attendant la mise en place de dispositifs de sommations automatiques envers ceux qui traverseraient le parc trop lentement, prélude au contrôle des comportements dans l’espace public. Et des rondes de chiens policiers. Déjà, on ne peut plus se rendre au stade nautique sans être accueilli par des chiens policiers qui vous foutent la trouille tant n’est pas sûr que ceux qui les tiennent en laisse en ont la maîtrise. Quand il en sera de même dans le « grand » centre, il n’y aura plus qu’à rester chez soi.

Lors d’une conférence de presse, Jean Rottner s’est livré à de basses accusations contre le responsable de la Société Godefroy Engelmann, Francis Fricker, à l’initiative de la contestation reprochant au principal animateur de l’association de n’être pas mulhousien, ce qui est d’ailleurs tout à fait inexact. Mais quand bien même il ne serait pas domicilié à Mulhouse son action serait-elle moins légitime ? L’accusation est d’autant plus grotesque que cette municipalité n’est à l’écoute que de ceux qui viennent d’ailleurs.

J’ai cependant interprété la bassesse du procédé utilisé par Jean Rottner comme témoignant d”une attitude défensive. A cela s’ajoute bien sûr que l’on dérape d’autant plus facilement quand on a les chevilles enflées. Suivent dans la foulée, des accusations d’instrumentalisation alors que lui-même tente d’instrumentaliser le Conseil consultatif du patrimoine. Est-il incapable de comprendre l’intérêt de disposer d’associations citoyennes ? Croit-il vraiment que les godillots municipaux vont lui révéler les contradictions qui agitent la cité ?

Tout en jurant fidélité aux décisions prises (ie la transformation du parc Steinbach),  il lâche la phrase suivante : “nous ne toucherons pas au parc lui-même avant d’avoir rouvert le dialogue avec tos ceux qui le souhaitent “.

Ah bon ! Une pause électorale pour le parc Steinbach ?

C’est pourquoi le wagges vous invite à participer au

PIQUE-NIQUE CONVIVIAL, Dimanche 30 juin de 12h à 16h (veillez à apporter ce qu’il faut, il n’y aura rien à acheter sur place) et à parrainer un arbre du Parc Steinbach.

Le wagges a décidé d’être parrain de l’un des arbres. Que pensent les autres blogueurs d’un arbre de la République des blogs mulhousienne ?

 

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Droit dans le mur ! (suite)

Après la génuflexion de François Hollande devant les marchés, à Leipzig, l’homélie de “Monseigneur” Moscovici  :

« Après plusieurs mois de concertation, j’ai décidé de concentrer l’action législative sur la contribution de 75% sur la part des rémunérations dépassant 1 million d’euros, qui sera acquittée par l’employeur. Elle sera soumise au Parlement dans le cadre du budget 2014, et aura une durée limitée à deux ans. Nous n’irons pas au-delà sur le plan législatif : il n’y aura pas de projet de loi spécifique sur la gouvernance des entreprises. J’ai choisi d’agir dans le dialogue.

Dans cet esprit, j’ai rencontré la semaine dernière la présidente du Medef, Laurence Parisot, et le président de l’Afep, Pierre Pringuet, qui se sont engagés à présenter rapidement un renforcement ambitieux de leur code de gouvernance.

Ils m’ont assuré qu’ils étaient prêts à des avancées importantes, notamment en recommandant le « Say on Pay », qui permettra à l’assemblée des actionnaires de se prononcer sur la rémunération des dirigeants. Notre but est d’éviter de figer des règles dans la loi, quand celles-ci sont amenées à évoluer sans cesse dans un environnement international mouvant. Nous préférons miser sur une « autorégulation exigeante». Mais attention : si les décisions annoncées ne sont pas à la hauteur, nous nous réservons la possibilité de légiférer. »

On retrouve cela dans les Echos du 23 mai 2013. 

La taxation des plus aisés est provisoire – on y croira d’ailleurs quand ce sera fait, la dernière tentative avait été retoquée par le Conseil Constitutionnel sanctionnant l’amateurisme de Bercy ; celles des moins aisés, elle, est durable. Et quand bien même certains accepteraient de limiter quelque peu et provisoirement leurs rémunérations, ils auront sauvé l’essentiel à savoir qu’en tout état de cause c’est eux qui décident et non la politique qui par ailleurs n’est qu’une politique des apparences.

 

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Droit dans le mur !

Le quotidien Le Monde écrit aujourd’hui :

“Le président français a fait l’éloge des réformes du marché du travail menées en Allemagne par l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, jeudi 23 mai, à Leipzig, lors de la réunion du Parti social-démocrate allemand (SPD) qui célèbre ses cent cinquante ans, en présence de la chancelière Angela Merkel.

“Le progrès, c’est aussi de faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l’emploi, pour anticiper les mutations industrielles, et c’est ce qu’a fait Gerhard Schröder ici en Allemagne et qui permet à votre pays d’être en avance sur d’autres”, a déclaré François Hollande, très applaudi.”

Au moins, c’est clair ! Nous voilà prévenus pour la suite. La déclaration aurait pu être celle de Nicolas Sarkosy. Ils partagent le même modèle, celui du recul de la solidarité, de la stigmatisation des pauvres et des chômeurs. Le SPD, échaudé, ne croit plus lui-même aux solutions à la Schroeder.

Encore un effort dans l’inconscience et nous serons bientôt dans le mur !

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