Pour ne pas voter idiot (5) : Mulhouse ressort les ordinateurs de vote

A Mulhouse, je ne pourrai pas mettre directement mon bulletin dans une urne. Je ne pourrai pas participer au dépouillement et vérifier la sincérité du scrutin. Je n’aurai pas la certitude que mon vote a été correctement enregistré par l’ordinateur de vote qui équipe mon bureau de vote.

Je trouve cela parfaitement inacceptable. D’autant que, allez savoir pourquoi, la solennité du vote me tient particulièrement à cœur cette fois-ci malgré le peu d’enthousiasme que m’inspirent les candidats.

La mauvaise nouvelle est arrivée dans l’enveloppe contenant les professions de foi des candidats à l’élection présidentielle sous la forme d’une feuille simulant la table d’une machine électronique à voter, signifiant qu’on avait à Mulhouse sorti les ordinateurs de vote de la poussière. L’enveloppe ne contenait aucune autre explication, le site Internet de la Ville non plus. Suppose-t-on acquis le vote numérique à Mulhouse ? Rien n’est moins sûr. Ne serait-ce pas plutôt comme d’habitude un « surtout pas de vague », le crédo gogo moderne des maires successifs de cette ville.

On espérait que cette fois, cela passera comme une lettre à la poste, sans protestation. C’est raté. S’il n’en est plus qu’un ce sera le wagges.

Sans reprendre tout le fond du débat, rappelons que nos voisins européens ont, ces dernières années, clairement désavoué l’utilisation des ordinateurs de vote du fabricant NEDAP, ceux qui équipent les bureaux de vote de Mulhouse. L’Irlande avait déjà mis à l’index en 2004 ses 7500 machines à voter NEDAP, les autorités des Pays-Bas ont retiré en octobre 2007 l’agrément aux ordinateurs de vote du même fabricant pour annoncer en 2008 la décision d’abandonner définitivement ce mode de votation. Début 2009, c’est la Cour constitutionnelle fédérale allemande qui concluait que l’utilisation des ordinateurs de vote NEDAP lors des élections au Bundestag s’avérait anticonstitutionnelle car il n’était pas possible pour les électeurs et les scrutateurs de vérifier le bon déroulement du scrutin et le dépouillement des votes !

Dans notre région, après Wintzenheim, le Conseil municipal de Kingersheim avait, le 23 avril 2008, suivi l’avis négatif du “jury citoyen” de renoncer au vote électronique. Après avoir failli acheter des ordinateurs de vote, la Ville a d’abord repoussé la décision puis a posé la question à un “jury citoyen”. Ce dernier avait rendu son avis le 28 février mais celui-ci n’avait pas été rendu public avant les élections municipales

L’argument qui l’a emporté est le fait “qu’aucune vérification des résultats n’est possible”. Le jury a estimé que “le moyen traditionnel de vote reste tout de même plus convivial et surtout, l’homme reste le seul maître”.

Alors que le mouvement d’équipement des communes en ordinateurs de vote devait aller en s’élargissant, on a constaté les années écoulées un phénomène exactement inverse.

Bientôt, s’il n’en reste qu’une, ce sera Mulhouse. Il y a de meilleures façons d’être original.

Il fallait qu’au moins cela fût dit par quelqu’un. C’est chose faite.

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Le petit alsacien et Richard Wagner

Comme tout (?) Mulhouse, je lis.
Parfois, je relis.
Et je numérise.
C’est décidé, d’ailleurs, je vais m’acheter une liseuse numérique. Faut-être de son temps.

Je vous offre pour la circonstance, puisqu’il est question de musique dans l’édition 2011 de “Tout Mulhouse lit”, cet extrait des Tilleuls de Lautenbach de Jean Egen.

A la maison, l’oncle lui offre un autre émerveillement. Il s’enferme avec lui dans son bureau, met un disque sur le phonographe (en Alsace, on dit d’r Grammophon),remonte la manivelle et dit gravement : « Écoute! »
Alors s’élève une étrange musique qui semble venir, comme les arbres, du fond de la terre et se perdre, comme eux, dans le fond des cieux. D’abord les sons coulent dans l’oreille, puis ils se répandent dans tout l’être, le Changala devient musique, la magie s’accroît encore et le Changala devient forêt. «Tu sais comment s’appelle ce morceau? dit l’oncle quand le Grammophon s’arrête, il s’intitule “Les Murmures de la Forêt” et le musicien qui l’a composé se nomme Richard Wagner, c’est un Allemand. »
Le Changala, cet Allemand l’a bouleversé. Pendant que sa musique le roulait dans ses vagues, il se mordait les poings, se griffait les cuisses, sautait sur son petit derrière en retenant tant qu’il pouvait une soudaine envie de faire pipi. .. L’envie devenant de plus en plus sévère, il demande la permission de sortir. L’oncle semble ravi par une telle émotion. « Va, Changala, dit-il, et remets-toi! »
Le Changala est tout songeur en arrosant le fumier. L’oncle Fuchs l’avait déjà beaucoup troublé en déclamant “Le Postillon” de Lenau. Voici qu’il recommence avec la musique de ce Wagner. Le Changala qui le soupçonne de pactiser avec le diable n’est pas surpris de le voir fréquenter des Allemands. Ce qui l’étonne, c’est que ces Allemands n’aient pas de casque à pointe et qu’ils sachent faire autre chose que tuer des Français.

 

Dans l’édition déjà ancienne que j’ai (Stock 1979), le passage se trouve à la page 227 . La musique a donné son titre au chapitre 7, Les murmures de la forêt dont il existe une version orchestrale arrangée par Wagner lui-même. J’ai supposé que le Changala a écouté une telle version. Comme la scène se situe dans l’entre-deux guerres, j’ai choisi un enregistrement qui date de 1936.”Murmures dans la forêt” est extrait de l’acte 2 de Siegfried, la deuxième journée de l’anneau des Niebelungs

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